Allez ! Sur Newsouest, on ne se cache rien, alors je vous dis tout : Ce dimanche 19 novembre, je m'étais donné rendez-vous avec Leila Danet, la triple championne de France cadette du poids et du javelot (extérieur et indoor) à Pont-l'Abbé. ''Javelot (15 h)'' : c'est ce qu'indiquait la programmation. Ne jamais s'y fier ! A 15 heures, Leila avait déjà lancé depuis belle lurette. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'elle n'avait pas encore plié bagages et que tout en savourant un pain au chocolat, elle causait aimablement avec sa maman et entraîneur Isabelle dans les tribunes. En civil ! Qu'à cela ne tienne ! En deux temps trois mouvements, mon acolyte Pierre Lharidon lui intimait l'ordre de revêtir le maillot officiel de l'AP Vannes et de se livrer à un simulacre de lancer. Leila se prêtait de bonne grâce au jeu sous l'oeil étonné de Cyrille Le Nader qui croyait le concours fini et se demandait s'il fallait mesurer. Leila lançait, Isabelle se marrait, Pierre jouait les photographes. La rencontre s'annonçait sympa. Elle le fut.
Légende: Triple championne de France cadette et junior du lancer du poids et du javelot, la Ploerinoise, Leila Danet était à Pont l'Abbé, avec sa mère et coach, Isabelle, ce week-end, lors du challenge du lancers longs. Crédit photo: DR
Lanceuse, une vocation ? N'allez pas croire ça ! Avant de se spécialiser dans les engins volants en tous genres, c'est au basket que Leila excella. Mais après 5 ans passés au club de Ploeren (P.L.O.E.R.E.N, m'a épelé Leila), la jeune fille a rangé ses baskets au grand dam du responsable de la Ligue de Bretagne, un certain David Hermine qui lui ouvrait toutes grandes les portes du Pôle Espoir de Rennes.
"Que Leila n'intègre pas le Pôle, ce fut ma plus grande déception dans le cadre de mes fonctions", confiera un jour Hermine à Isabelle Danet. "J'étais déjà très attirée par le sport individuel où tu ne dois rien qu'à toi-même", m'avoue Leila. Du basket, l'adolescente passa donc à l'athlé. Assez naturellement puisque Isabelle s'y illustra elle-même. "Particulièrement au triple saut en 1994-1995 en junior." C'est noté, Isabelle ! (Une passionnée, Isabelle qui -tandis que Leila lançait - m'a parlé translation et rotation.) Mais c'est sur le saut en hauteur que d'abord Leila jeta son dévolu. Jusqu'à ce qu'une tenace périostite la dissuade d'insister.
Il se trouve que dès la catégorie minime la jeune athlète avait des prédispositions pour le lancer. Un extraordinaire potentiel fructifié par Isabelle dans une complicité mère/fille évidente. "A l'adolescence, parfois ça a pu être compliqué", temporise la maman. "C'est vrai que parfois ça clashe mais ça fait partie du jeu", relève Leila.
Une complicité bonifiée par d'extraordianaires résultats, des titres et des records à la pelle (51,72 m au javelot et 15,99 m au poids en catégorie cadette). Son gabarit (1,87 m)joue aussi en sa faveur. "Au lancer, c'est important d'avoir de l'envergure." 1, 87 m... Ses trois frangins n'ont qu'à bien se tenir. Tous aussi grands ? "Non, le grand frère est petit, le petit est grand et le moyen est moyen", lance Leila avec son sens aigu... du raccourci. Intervient Pierre Lharidon qui demande le secret du régime alimentaire de Leila. "Régime pâtes et patates", se marre Isabelle.
Leila et Isabelle... Pas besoin d'aller chercher bien loin pour dessiner les contours des ingrédients qui déterminent une championne. Un entourage impliqué et équilibré, des prédispositions athlétiques naturelles, une sérénité latente mais aussi on le devine un sacré caractère. "Leila, c'est une perfectionniste, me glisse Isabelle. Tiens, regarde cette video."
On y voit Leila récompensée par la municipalité vannetaise lors d'une cérémonie de remise de trophée. On lui demande de dresser le bilan de l'année au niveau national, la réponse fuse. "Trois médailles d'or... et une d'argent . C'est toujours ça de pris." D'autres s'en contenteraient ! Mais au quotidien, c'est ce perfectionnisme qui la fait avancer, Leila. Et son quotidien, c'est l'athlé.
A Vannes où au vu de ses résultats, la municipalité a largement amélioré l'aire de lancer du stade. ("Pour remercier les agents qui y ont contribué, je leur offre des petits pains au chocolat"). Ou à Rennes sous la direction d'un certain Yann Moysan. Le (presque) quotidien, ce sont aussi les stages nationaux, le dernier en date à Liévin, le prochain à Barcelone, du 2 au 7 janvier. Avec Isabelle qui parrallèlement suivra là bas une formation liée à ses fonctions d'entraîneur. "Le 2 janvier, tu te rends compte", peste Isabelle qui envisage déjà un réveillon en mode lentissimo.
La séance photo s'achève, Cyrille a rangé le ruban de mesure, Leila a revêtu son survêtement, et repris son pain au chocolat et son air rêveur. De quoi peut rêver notre étudiante en licence Ecogestion ? Peut-être du Pérou, cadre des futurs championnats du monde junior cet été. Leila posant avec son javelot devant le Machu Picchu, ça ferait une belle carte postale, non !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec