"Je suis à l'aise sur 10 kilomètres et moins", confiait le Thuriennois Benoît Le Flao à Ouest-France, il y a de cela 10 ans... Les choses ont un peu évolué depuis lors. Le prof de tennis de Bannalec s'est mis en tête de s'aligner sur le BUT dans 3 semaines sur 59 kilomètres. Et pour être à la hauteur et relever le challenge qui va l'opposer à son frère cadet Quentin, marathonien et donc endurant, Benoît a légèrement monté le curseur et le volume kilométrique. Les 20 bornes de l'Ar Meilhou Glaz Trail, il les a prestement avalées. Et c'est avec une marge considérable et un état de fraîcheur remarquable qu'il a coupé victorieusement la ligne d'arrivée dimanche du côté du Moulin vert. Le 26 avril, il aura une belle carte à jouer à Locunolé.

Légende : Benoît Le Flao une tactique bien à lui. Crédit Photo : DR
Une surprise que la victoire de Benoît Le Flao à Quimper ? Un peu quand même dans la mesure où tous les pronostiqueurs donnaient le Landudalais Michel Nédélec favori. Il faut dire que le licencié du Quimper Athlé revient d'une sacrée saison de cross. Alors, oui quand un coureur isolé s'est pointé au bout de la ligne droite d'arrivée, le sens de l'anticipation de l'incontournable speaker Jean-Luc Gestin a été mis à mal. "2 h 30 au marathon de Berlin, saluons la victoire de Michel Nédélec... " Une erreur vite rectifiée. "Mais bien sûr que non, c'est Benoît Le Flao qui coupe la ligne en tête. BENOÎT LE FLAO…"
La tactique de course de Benoît Le Flao, c'est bien simple, c'est ce qu'on déconseille dans toutes les écoles d'athlé. "Je pars souvent très vite, comme un débile... C'est encore comme ça que j'ai couru aujourd'hui." Dans ces conditions, la suite est parfois compliquée. "Sur les portions les plus pentues, j'ai marché. Mais j'avais fait le trou, personne n'est revenu. Et comme les 5 derniers kilomètres étaient roulants, j'ai terminé à ma main." Un choix audacieux mais donc payant pour ce traileur au profil atypique qui n'a rien d'un fou de l'entraînement ("50 à 60 kilomètres par semaine, c'est déjà deux fois plus qu'avant") et court assez peu en compétition.
Son secret ? "En dehors de ses qualités naturelles, son activité de prof de tennis joue sans doute pour beaucoup dans ses bons résultats et cela peut expliquer qu'il n'a pas besoin d'un volume kilométrique trop important", commente admiratif Yannick Lannuzel, un habitué du top 10.
Il reste à savoir comment ce sportif accompli va digérer un 59 bornes toujours très sélectif. "Je me promets de partir plus lentement et de voir venir d'autant que ma première et seule expérience sur ce même parcours avait été douloureuse. J'avais terminé mais n'avais pu marcher pendant une semaine qu'avec des béquilles." Pourquoi ne pas s'aligner sur le rythme du frangin, le plus jeune (mais plus sage) Quentin ? Ce dernier semble avoir du mal à y croire. "Benoît, c'est le spécialiste des départs rapides."
D'ici là, entre deux cours de tennis, on devrait retrouver Benoît à Melgven dimanche prochain pour une ultime mise en jambes. Les deux semaines qui suivront et qui précéderont le Bretagne d'Ultra Trail seront consacrées à une session d' entraînement qu'on imagine aussi légère que la foulée de Benoît.
CARTE BLANCHE A MARC FEREC