L'univers du trail regorge de coureurs en tous genres venus à la course à pied pour les raisons les plus diverses. Le Landernéen Jean-Marie Diverrez a plongé dedans pour oublier la cigarette et y a retrouvé un second souffle, le Quimperlois Aurélien Le Jouis, lui, y a puisé à 28 ans la force de digérer une rupture sentimentale. Une thérapie ou plutôt "une échappatoire" ! C'est le terme qu'il utilise pour qualifier sa relation avec la course pédestre. Et la relation est durable puisque cela fait maintenant 11 ans qu'il galope sur tous les terrains. Insatiable, un vrai boulimique à l'aise sur tous les terrains... Boulimique, le mot lui va bien puisque le garçon exerce la profession de chef d'équipe en pâtisserie et avoue un sérieux penchant pour les éclairs. Apparemment, si on s'en tient à son palmarès, rien d'incompatible avec la course à pied !
Légende: Vainqueur à Rédéné, ce week-end, Aurélien Le Jouis ( BBK) en pince pour la discipline de son coeur, le Trail. Crédit photos: DR
Puisqu'il n'y a rien de plus éloquent que les chiffres pour juger du niveau d'un coureur, en voici quelques-uns : Aurélien Le Jouis, c'est 2 heures 37' 09 au marathon, 1 h 10' 52 au semi ou encore 31'19 au 10 kilomètres sur route... Pas mal ! mais les chiffres (heureusement) ne disent pas tout et si le chrono est révélateur, le Quimperlois d'origine n'en fait pas non plus une obsession.
Entre la piste, la route, le cross ou le trail, c'est pour cette dernière discipline qu'il en pince. Les grands espaces, la nature, la découverte de la montagne, le sentiment de liberté qui va avec... Le fameux esprit trail aussi ("Quand un coureur est dans la galère, on s'arrête pour lui demander si ça va ou lui filer une barre protéinée")... C'est tout cela qui fait courir notre pâtissier en chef. Et son souvenir le plus marquant reste peut-être sa participation il y a deux ans au trail des Cirques à La Réunion (77e sur 1500 participants).
Avec l'envie latente d'y revenir sur le format ultime, celui de la Diagonale. "C'est mon rêve mais je ne veux pas y aller uniquement pour participer. Il faut que je me donne les moyens d'y courir dans de bonnes conditions." C'est que l'activité professionnelle du licencié du BBK ne lui laisse que peu de temps pour s'entraîner. Du moins pas assez. "En volume moyen d'entraînement, je dois courir entre 60 et 70 bornes par semaine." Un peu juste dans la perspective de la Diagonale. Alors, entre deux éclairs au chocolat, le chef pâtissier réfléchit aux moyens à mettre en oeuvre pour réaliser son rêve...
En attendant, puisqu'il faut bien nourrir son homme, Aurélien court sur tous les terrains. A Rédéné samedi dernier, c'est dans la peau d'un vainqueur d'une course sur route que je l'ai croisé. Victorieux, à l'usure, à l'expérience, habile en vieux renard ("37 ans, je commence à être un vieux") à s'adapter à l'adversité, à laisser filer ses fougeux partenaires de club Guénaël Oliviero et Erwan Richard pour mieux les distancer dans le final...
Une sacrée équipe de copains qui devrait cette saison encore en cross porter haut les couleurs du Bannalec Pays de Quimperlé chères à un certain Donovan Christien. Une participation aux France n'est pas exclue (Aurélien y a déjà goûté en 2016 avec son club de Quéven) mais dans l'esprit du Quimperlois, le cross c'est surtout le tremplin idéal pour... le trail. "Pour faire travailler le cardio, il n'y a rien de plus efficace." Le trail, on y revient encore et toujours. Et au-delà de la saison de cross, c'est vers l'horizon trail 2024 que le regard d'Aurélien Le Jouis est tourné. Avec un programme dont les contours sont déjà dessinés. "Le trail du Cap Sizun où je m'alignerai sur le 59 kilomètres, le Tiken Trail et les championnats de Bretagne d'ultra trail". Un menu copieux que le traileur savoure par avance. Avec une sacrée gourmandise, cela va de soi !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec