A Bannalec, l'heure des retrouvailles et l'ouverture de la saison en cross
Bannalec le 11 novembre, c'est le rendez-vous de tous les amoureux du cross. Du vrai cross ! Avec son terrain inégal, ses bosses, sa fameuse bosse surtout qui fait mal aux impudents qui ont décidé de faire comme si elle n'existait pas. Avec sa boue qui reste longtemps scotchée aux pointes et alourdit la foulée. Bannalec, on y revient toujours avec le même plaisir, celui de croiser de vieilles connaissances et de discuter de tout et de rien accessoirement de la saison à venir.Ce samedi, j'avais à peine mis le pied en dehors de la voiture (chaussé pour l'occasion de mes après-skis préférés, on n 'est jamais trop prudent) que je les ai repérés. Quasiment tous là ! Marc Cornec, parce que Marc Cornec c'est le cross incarné, le président du CD 29, Gildas Porzier qui avait emmené dans ses bagages le trio landernéen gagnant du jour, Il y avait aussi Rémi Grill venu débriefer sa dernière excursion en terre bordelaise, Pierre L'Haridon emberlificoté dans ses isos et ses asas, Olivier Bolzer confiné au secrétariat avec sa collègue et ses bonbons... Il flottait dans l'air comme une impression de déjà vu. Un air de rentrée des classes avec pour une fois l'agréable sensation de redoubler.
Légende: La rentrée des classes de la saison 2023/2024 s'est faite dans le Finistère, comme chaque année, par le cicruit de Bannalec, pour le traditionnel coup d'envoi du 11 novembre. Crédit photos: DR
A Bannalec, j'ai retrouvé Romu Cadou et son Coathlé toujours porté par le même élan collectif. Jamais avares d'un bon mot, les Concarnois, toujours à rigoler, toujours à se chamailler, à se chambrer. Un pour tous, tous pour un ! Cela ne faisait même pas 5 minutes qu'on échangeait que Romu m'a rappelé 2 ou 3 principes de base. "Ne pas trop intellectualiser l'athlétisme, laisser vivre les athlètes et prendre du plaisir.
J'ai retrouvé Isaac (Duportal). Passé junior, passé par Zurich cet été et revenu d'un stage national à Liévin. Parachuté ce samedi dans la cour des grands, dans la course senior. Le bilan ? 1er junior et 5e senior au final. Pas mal mais on attend toujours tellement d'Isaac. "C'est parti assez vite et j'ai peut-être eu tort de ne pas accrocher le bon wagon. Sur la fin, je reviens un peu. Je suis plutôt satisfait quand même."
J'ai retrouvé au coeur de la même course un Erwan Richard entreprenant qui a su prendre ses responsabilités, qui a osé, qui a mené mais n'a pas été forcément payé en retour, un Vincent Buguellou terrassé par un virus qui a dû renoncer à ses prétentions mais qui m'a donné rendez-vous dans 15 jours à Carhaix, j'ai retrouvé Morgan L'Helguen légèrement en dedans et pas vraiment à la lutte mais qui a toujours l'art trop rare de nos jours de relativiser le semi-échec. "C'était au pire une bonne sortie d'entraînement."
J'ai retrouvé Béatrice Osty égale à elle-même. Disponible. Attentive à saluer les copines sitôt la ligne d'arrivée franchie. Et de plus en plus convaincue des bienfaits de la musculation. (Attention ! On n'en fera pas non plus une spécialiste de l'épaulé-jeté). "Depuis que je me suis mise au gainage, j'ai gagné en puissance. Je n'étais pas convaincue à l'origine et il a fallu que je me blesse pour y venir et me renforcer musculairement. J'en avais déjà vérifié les bienfaits aux France de 5 kilomètres (elle y a remporté le titre national) mais en cross, le gain est évident surtout sur un terrain comme celui-là. La bosse que je redoutais sur le circuit et qui fait mal à la longue, je l'ai finalement bien passée. Aujourd'hui, c'étaient mes cuisses qui m'ont portée plus que mon coeur." A méditer !
Dans ce concert de retrouvailles, une révélation. Pour moi, un inconnu ! Un cadet flanqué du maillot de l'Alcp Carhaix qui a dominé sa course de la tête et des épaules. Avec une impression de facilité étonnante. C'est quand je suis allé l'interroger - bon sang ne saurait mentir - que j'ai découvert le pot aux roses.
Le cadet, Quentin Le Floch, était accompagné de son papa et entraîneur, un certain Xavier Le Floch, le champion du monde de triathlon longue distance lui-même. Ces deux-là parlaient le même langage. "Je m'étais fixé une tactique de course et je l'ai tenue, m'a lancé Quentin. L'an dernier aux France Ugsel j'étais parti seul devant et je n'avais pas tenu. J'ai donc réadopté la même tactique de course. Avec succès cette fois".
Chez les Le Floch, on ne reste pas sur un échec. "La priorité, c'est de préparer le triathlon, a enchaîné Xavier. On voulait aujourd'hui tester la capacité de Quentin à tenir sur un rythme intense." Plutôt concluant, l'essai. Et la bonne nouvelle, c'est qu'on reverra le jeune champion de Bretagne de triathlon très prochainement sur les terrains de cross. On peut s'en réjouir. Encore une belle saison de cross à venir !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec