Avec ses racines familliales, à Ovar, dans le Nord du Portugal, une conversation avec Steven Ribeiro est toujours une respiration privilégiée dans une journée, tournée vers une passion sacralisante pour le football. Le temps s'arrête soudainement. Pourtant, cette adoration pour ce sport ne l'a pas ménagé. Un an de suspension pour des paroles d'emportement, une douleur récurrente à la hanche et cheville. " Le foot m'a tué. J'ai la hanche en vrac, la cheville dans le sac mais il y'a toujours cet amour, renforcé par les victoires. Le partage avec les supporters, l'ambiance, à Plogonnec, est incroyable. Ce club, il est magnifique. Il y'a trop de monde au stade. J'ai fait quelques autres clubs, mais je vis ma meilleure période de football à l'ES Plogonnec". Arrivé suite à sa longue suspension, à ses 28 ans, Steven Ribeiro a même crée ses rituels ou superstition. " Chaque dimanche matin, avec le président, Terence Carpentier, le café, au Balladin chez Johan Perennou. Sans ma suspension d'un an, je n'aurai pas rencontré des Julien De Sousa, Yannick De Sanogueira, Rémy Le Deun Bernard ou Pierrre Moenner ( " l'indestructible "). Ce retour au meilleur niveau de Steven Ribeiro, 32 ans, est un facteur clé dans ce départ parfait des écureuils dans leur groupe B de R3 ( Quatre matchs, quatre victoires).
Devant le Briécois, Noah Rannou, Steven Ribeiro râtisse et accélère le jeu de Plogonnec. Crédit photo: Pascal Priol
Son entraîneur, Sébastien Desaintpaul, a même instinctivement une image spontanée pour résumer son importance dans l'équilibre de l'équipe. " Steven, c'est un vrai chien, sur un terrain. Il est revenu à un très bon niveau, il décharge les autres joueurs à ne pas être dans une dispersion de leur rôle sur le terrain. Il a cette capacité de lecture instantanée, avec un gros volume de jeu. Je ne peux pas le défaire de Julien De Sousa, qui lui aussi, est revenu à un niveau largement supérieur. On les appelle au milieu du terrain " notre paire portugaise". Le travail avec Yves Kervarec, notre préparateur physique, lui a fait aussi du bien".
Cette abnégation sur le terrain, Steven Ribeiro le tient à un parcours méritant et volontaire. " A 13 ans, je suis arrivé à Quimper, directement de l'ES Plonéis. Je ne connaissais même pas le club, j'ai simplement suivi mon ami, Guillaume Le Floch, qui avait un talent incroyable. A 13 ans, je ne savais pas faire une passe. J'ai toujours évolué en B de mes 13 à 18 ans, mais j'ai toujours voulu progresser, apprendre, me confronter aux meilleurs. J'ai un peu de regret, forcément. J'aurai bien aimé être un joueur de CFA/CFA 2 ( N2/N3). Le jeu y était moins physique et me correspondait plus. Je n'ai fait que deux à trois minutes de jeu en CFA avec le Quimper Cornouaille FC, en CFA, avec Ronan Salaün".
Intransigeant avec lui, il l'est aussi avec ses partenaires, mais toujours dans un bon fond. " Je râle moins qu'avant sur un terrain. Celui qui m'a appris le football a été Sébastien Le Naour. Je dis toujours les choses directement aux autres. Si je le dis, c'est que je le pense. Je ne serai pas sur leur dos, si je pensais que quelqu'un n'en est pas capable. Une mauvaise passe, on ne peut pas à notre niveau de la première. Les joueurs ont progressé de manière importante. Avec Jean-Fanch Le Lay, Julien Bonizec, Pascal Pennamen, nous avons franchi des étapes. Avec Sébastien Desaintpaul, c'est différent. On passe à un autre niveau, il n'y a plus de laisser-passer. C'est plus strict et efficace. A titre d'exemple, tout le travail effectué avec Yves Kervarec, je ne sors plus cramé des matchs, j'ai toujours mal partout mais ça me donne envie de continuer. Chaque année, je me dis que c'est la dernière, que mon corps ne peut plus supporter la douleur. Mais ce club m'accroche au coeur. J'ai trouvé mon équilibre, avec ma famille, mon travail ( Il a lancé sa propre entreprise de plomberie/chauffagiste, en 2018), et le club".
Tournant maintenant sur les matchs de coupe, pour se concentrer sur le championnat, Steven Ribeiro a toujours eu ce caractère affectueux, téméraire et affirmé. " Plogonnec, j'y suis venu par hasard, pourtant. Encore maintenant, il y'a toujours des choses que je n'explique pas avec ce club. Par exemple, mon premier match, je sais avant que je suis à la rue, après un an de coupure. Nous jouons contre Saint-Evarzec, je débute dans le onze. Je ne vois pas le ballon pendant les cinq premières minutes. Ca devient un problème dans ma zone de jeu. Je n'ai pas touché une fois le ballon quand il m'arrive. Je frappe et je marque. A n'y rien comprendre. Plogonnec, c'est avant tout des rencontres, Terence Carpentier, Ju De Sousa, Yannick De Sanogueira, Pascal Pennamen, Flo Lenclume, Ju Bonizec.... Sans le savoir au départ, ce sont aujourd'hui mes meilleures années dans le football".
Crédit photo: Pascal Priol