Fabrice Loher, le football mène à tout, de Lorient Sports à la mairie de Lorient
Maire de Lorient, depuis trois ans ( " J'ai redoublé trois fois avant", concède-il avec humour, suite à ces tentatives avortées en 2001/2007/2014), Fabrice Loher, 56 ans, présente une fibre peu commune pour la vie associative, avec un engagement très précoce, chez les Doyens de Lorient Sports. Affectueusement nommés ainsi, grâce à un premier ancrage du football à Lorient, le 28 septembre 1916 ( dix ans avant le FC Lorient), il a trouvé son engagement associatif qui l'a conduit naturellement envers un autre politique. " Déjà petit, c'est assez inexplicable, mais je me voyais maire de Lorient. J'avais le goût de servir, de me rendre utile aux autres", glisse Fabrice Loher. Ce qui en donne une témérité dans son engagement, une légitimité également et un amour de sa ville, qui va aussi avec le football, son amour premier. " Quand Lorient Sports, le FC Lorient ou l'AS Saint-Etienne perdent le week-end, ça ne sert à rien de m'appeler le dimanche soir". Cette fibre l'amène foncièrement à donner une image sportive de Lorient, avec un adjoint aux sports, Fabien Audard, qui porta de nombreuses années les cages des Merlus en D1/L1. Avec ce décalage d'un Sud-Finistérien, la vision d'une ville extrêmement similaire à Quimper, en taille, était intéressante dans le rapport de son premier édile avec le sport, qui l'a façonné, et permis aussi de devenir qui il est aujourd'hui. Portrait d'un passionné du ballon rond, et d'un amoureux de sa ville.
Légende: Très investi dans la vie associative, en particulier avec son club de toujours, Lorient Sports, Fabrice Loher est maire de Lorient, depuis les élections municipales de 2020.
Joueur dès l'école de football, à Lorient Sports, arborant les couleurs de 1972 - 2003, jouant parfois encore le dimanche matin, avec les vétérans, président de Lorient Sports de 1996 à 2007 et quelques années au milieu des années 2010, Fabrice Loher, défenseur, ancre en meilleur souvenir, saison 1983/1984, une élimination du FC Lorient par Lorient Sport, en coupe Gambardella (3-2), à Kervenadec. Comme quoi, même avec les responsabilités, même avec une carrière professionnelle faste, les souvenirs rattachés à une aventure collective restent les plus forts dans la vie. " Il n'y a pas de réussite sans collectif. C'est valable dans le foot, c'est valable dans tout également", souligne Fabrice Loher.
Comme son engagement à Lorient Sports, avec des périodes de bascule importante. " C'est le vrai foot, pas toujours facile. J'ai tout aimé au club, joueur, arbitre, dirigeant... Il y'a une souffrance du monde amateur, encore plus avec les matchs professionnels, le dimanche, à 15h. Oui, je garde un lien étroit avec ce monde. Par exemple, au dernier Lorient - Angers, en L1, j'ai préféré aller à Kerfichant, assister en R2, à Lorient Sports - Ploemeur FC, et j'ai vu un très bon match de foot. Ma plus grande fierté avec Lorient Sports? Dans les années 90, on avait pris un virage qui n'était pas le bon, enfin, qui n'était pas nous. On a sans doute sauvé le club d'une disparition en revenant à notre base. Aujourd'hui, il y'a 300 licenciés, une belle école de foot, une belle équipe première...".
Du Finistère-Sud, la perception d'un club de Ligue 1 nous est inconnu. Le maire de Lorient tisse aussi des bénéfices très importants sur l'impact, sur cette locomotive sportive, mais pas que.... " J'ai la chance d'être le maire d'une des 20 villes de Ligue 1. Le FC Lorient est un club très structuré, sur les 20 dernières, c'est 13 ans en Ligue 1 et 7 en Ligue 2. En plus, Lorient a toujours eu cette recherche élaborée de jouer un beau football. En terme d'impact économique directe pour une ville comme la nôtre, c'est 20 millions d'euros annuels, redistribué grâce aux matchs du FCL, directement dans les commerces. Le FC Lorient fait la fierté de la ville et de tout le territoire. On est aussi en réflexion avancée avec le FIL ( Festival Interceltique de Lorient) pour réduire l'impact du festival sur la pelouse. Si nous ne le faisons pas, ça peut entraîner des pertes de points et pénalités financières pour le club. Mais le festival est un acteur historique au Moustoir, il faut trouver une solution pour que le spectacle puisse toujours se dérouler dans le stade de la ville"
Evidemment le football est l'image extérieure de Lorient, celle qui garantit et accroît considérablement la notoriété de la ville, en symbolise aussi son attractivité, mais un autre aspect, moins connu, est tout aussi important, la voile. " Oui, c'est un vrai impact également sur la ville, avec 10 teams à l'année, 500 personnes y travaillent à la base, avec des budget de 3/4 M€ par équipe ( 20 à 30 personnes). Mais la voile n'est pas encore assez populaire à mon goût, à Lorient".
Maire de Lorient, avec une équipe du CEP Lorient, au basket, qui a la volonté et le budget avec Georges Sampeur, d'accéder en Pro B ( au niveau des Béliers de Kemper), la ville de Lorient regorge aussi de projets pour le sport dans sa mandature. " Nous avons un budget de fonctionnement sur la ville de Lorient de 80 M€, avec une part allouée aux sports oscillant entre 1,3 et 1,5 M€. Le sport apporte tellement de vertus, en terme de prévention, de santé. Il y'a le lien avec le territoire, ici, c'est un vrai paradis, avec la rade, l'ïle de Groix en face, ou l'intérieur. Le sport a toujours été ma passion. Il m'a apporté énormément. J'ai toujours aimé servir, aider les autres. J'ai la nostalgie de me réveiller à 5h30 pour le troc et puces annuel de Lorient Sport. Ce que m'a donné le football pour la politique? La plus grande valeur, c'est l'humilité parce que le football amateur en regorge. Dans le football amateur, quand on s'engage, il faut savoir tout faire, et on apprend à tout faire. Il faut rester les pieds sur terre parce que ça va très vite, d'un côté comme de l'autre, mais ce qui faut garder, c'est l'esprit collectif, parce que dans la vie, pour avancer et réussir, on ne le fait qu'à travers un collectif.", conclut-il.
Christophe Marchand avec Yannick Moulard