Le 24/08/2022

Delphine et Agathe Guillemot sur la même longueur d'ondes

Vendredi 5 juillet 2013, meeting du Quimper Athlétisme : La petite minime Agathe Guillemot vient de mettre une grande claque de cinq secondes, au record du Finistère du 1000 mètres (3' 01'' 74) et alors que la soirée touche à sa fin, voilà que son frère Thomas lui lance un ultime défi : qui sera le premier (la première en l'occurrence) à rejoindre la voiture familiale garée auprès du stade ? Ce sera Agathe évidemment, la fonceuse, la battante, la compétitrice... la même Agathe que l'on retrouve 10 ans plus tard au pied du phare d'Eckmühl. La septième fois qu'elle s'attaque au monument. Avec la même moue déterminée que lorsqu'elle était gamine. Pas de doute : C'est bien la même, en plus grande ! Bien sûr, elle est venue là pour se faire plaisir mais quand même, une course reste une course et quoi qu'elle en dise, elle l'aborde comme si c'était la finale du 800 mètres  des Jeux Olympiques de Paris 2024. "On dirait un taureau qui va charger", me glisse Delphine, la maman, en se marrant, alors que sa fille s'apprête à gravir les fameuses 307 marches.  Mais d'où lui vient cette détermination sans faille ? "Elle a toujours été comme ça, Agathe, depuis sa toute première course à La Torche. Une compétitrice qui se donne à fond dans tout ce qu'elle entreprend." Avec succès. Et l'une des clés du succès, de la réussite épanouie d'Agathe, c'est la cellule familiale avec  la maman, Delphine, en pôle position !

 

Légende: Entourée de Thomas, son frère, et Delphine, sa mère, le cercle familial est très important pour la plénitude d'Agathe Guillemot. Crédit photo: DR

Comment qualifier la relation Delphine/Agathe, la relation mère/fille ?  La parole à Agathe : " Elle est très importante pour moi, ma mère, c'est ma motivation principale. J'aime la rendre fière." Et Agathe ne manque jamais l'occasion de lui rappeler  combien elle compte dans sa réussite. La parole à Delphine cette fois : "Hier, c'était mon anniversaire,  et Agathe a publié un petit message très touchant à mon intention. Je n'ai plus les termes exacts en tête mais elle disait en gros que cela la transcendait de savoir que je la suivais, que je la regardais." Une relation évidente,naturelle et fusionnelle mais loin d'être exclusive, comme tient à le préciser Delphine. "Si les projecteurs sont souvent braqués sur Agathe, je ne veux surtout pas que Thomas et Clarence ses frères et soeurs en pâtissent et je suis leur parcours exactement comme je suis celui d'Agathe."

S'il est en revanche un rôle que se refuse à jouer Delphine auprès d'Agathe, c'est bien celui de coach ! "S'il y a  une qualité que les différents entraîneurs d'Agathe reconnaissent chez moi, c'est de savoir rester à ma place." Une fonction que pourrait théoriquement endosser Delphine puisqu'elle est juge en athlétisme. "A l'occasion de certaine compétition d'épreuves combinées, cela m'est arrivée de devoir juger Agathe. Pas question de lui réserver un traitement particulier. D'ailleurs, c'est à peine si j'osais la regarder", plaisante Delphine. De son côté, la jeune athlète bigoudène n'attend surtout pas que sa mère embrasse la fonction de coach. " C'est dans tout ce qui est extra athlétisme qu'elle est là pour m'aider et m'épauler".

Et dans ce rôle, Delphine excelle. Un exemple ? Le douloureux temps du premier confinement. Condamnée à l'isolement dans un cercle restreint, Agathe choisit la cellule familiale dans son pays bigouden natal. Elle improvise alors les séances d'entretien physique transformant la maison et le quartier en camp d'entraînement. Le rôle de Delphine ? "Plus important que jamais. elle m'accompagnait pendant mes séances, me filmait pour que je transmette ensuite les vidéos à mon coach. En fait, maman était juste là."

Autre exemple : celui d'une mémorable virée en Belgique. Un peu frustrée par ses chronos de fin de saison, Agathe décide de jouer les prolongations et d'aller disputer un ou deux meetings en Belgique. Pour l'accompagner, qui d'autre que Delphine ? "Maman est venue me rejoindre à Rennes et on a fait la route ensemble  jusqu'à Bruxelles. Quand j'y repense et que je la revois toute seule dans les tribunes pendant une heure et demi alors que je m'échauffais, j'ai quelques scrupules. Qu'est-ce qu'elle est dévouée ! De quoi on a parlé dans la voiture ? De tout et de rien puisque je peux tout lui confier, librement. Et si on parle d'athlé, plus librement encore qu'avec mon entraîneur. Elle a un regard différent..."

Le regard d'une vraie maman poule que j'ai croisée  à Penmarch en ce joli samedi ensoleillé du mois d'août. Elle n'était pas seule ce jour-là car ils étaient nombreux à accompagner Agathe dans son ascension d'Eckmühl : au pied du phare, on m'a présenté dans le désordre l'ami de Dephine, le frère Thomas qui suit de très près les exploits de sa soeur ("S'il ne m'envoie pas un SMS après une course, je m'inquiète"), la petite copine de Thomas, Ronan le petit ami d'Agathe et au dernier moment, alors que je m'apprêtais à quitter les lieux, la grand-mère d'Agathe. "C'est ma mère", m'a soufflé Delphine. Mais je l'avais reconnue sans jamais l'avoir croisée. L'air déterminé, la grand-mère ! Bon sang ne saurait mentir !

Rubrique Carte Blanche à Marc Férec

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