En partenariat avec le Super U de Plobannalec-Lesconil: le troisième volet de cette série, consacré sur le stade de Pont Plat et son atmosphère unique. A l’AS Plobannalec-Lesconil, la coupe enivre plus qu’ailleurs. Pour s’en convaincre, il suffisait de voir la délégation, aussi nombreuse que sonore, à Trégunc, lors du 5ème tour de Coupe de France en octobre dernier. Le temps d’un dimanche après-midi, le stade de la Pinède devint propriété plobannalécoise. Cette ferveur populaire permit aux Jaune et Noir de trouver les ressources pour s’imposer au bout du suspense (0-0, 3-2 tab). Alors que la pression montait doucement et que l’ASPL se préparait à recevoir l’En Avant Saint-Renan pour le 6ème tour de la Coupe de France, la dégradation de la situation sanitaire avait contraint à un confinement et donc au report du match. Initialement prévu le 30 novembre 2020, le match se jouera finalement le dimanche 31 janvier 2021 dans un contexte particulier, dicté par les restrictions sanitaires : sans public, à 13 heures et sans la préparation adéquate pour un tel match. Malgré cela, les Jaune et Noir aborderont ce 6ème tour de la doyenne des coupes nationales avec détermination et humilité mais surtout avec un atout-maître : le stade de Pont-Plat.
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On évoque rarement le club bigouden de l’AS Plobannalec-Lesconil sans mentionner son antre avec, souvent, cette conclusion : « c’est dur d’aller gagner là-bas ». Citadelle imprenable la saison passée, c’est à domicile et dans l’adversité que l’ASPL avait entretenu son rêve d’accession en R1 lors d’un match nul au forceps contre le Quimper Italia ou d’une victoire électrique face à l’EA Scaër (1-0). Des points qui ont finalement coûté très cher au moment du décompte final d’une saison écourtée. Des points que Ploba n’aurait peut-être pas su prendre hors de Pont-Plat car c’est bien dans son identité locale, dans son attachement à la commune, que le club puise sa force.
« Les supporters, le public, ont construit aussi l’histoire. Si ce club est si populaire c’est parce qu’il y a le public, les footballeurs quand ils parlent du club, ils parlent du stade, de l’ambiance, de la peur qu’ils ont eu à une certaine époque, de ce que ça crée autour, c’est un lieu à part parce que les spectateurs sont près du stade, on les entendait, on les sentait, des fois ils pouvaient même te toucher… Il y a un imaginaire qui s’est créé ». On pourrait être tenté d’emprunter les mots de Jean Prunetta, mythique journaliste de France Bleu Corse, évoquant le SC Bastia et son arène de Furiani pour qualifier le fort lien qui unit l’ASPL et Pont-Plat tant les analogies, à échelle gardée, existent.
Venir jouer à Pont-Plat: c’est accepter un défi physique intense sur le terrain doublé d’un jeu psychologique imposé par un public fier et orgueilleux, toujours chambreur et parfois impulsif car la passion peut mener à la déraison. Alors certains, après avoir été défaits à la régulière sur le terrain de Pont-Plat, se sont risqués à dire que « le football, ce n’est pas ça ».
En fait, il est plus juste de dire que le football ce n’est pas que ça mais que ça en fait partie. A Plobannalec, on joue un football actuel avec des valeurs d’antan. Même l’adepte d’un jeu de possession léché Christian Gourcuff, dans un livre qui lui est consacré , expliquait respecter le jeu physique déployé par les bigoudens. Surtout, le technicien breton respecte les valeurs qui sont fièrement portées par ce football de village. Des valeurs dont on aime expliquer l’origine par la dualité de la commune : Plobannalec la rurale et Lesconil la maritime, la terre et la mer, le sens du devoir et le goût du travail hérité de génération en génération.
Meilleur club bigouden depuis plus d’une décennie, l’ASPL est toujours restée fidèle à sa ligne de conduite. En se structurant petit à petit, en misant sur des joueurs fiers de représenter une commune, en refusant toujours l’amateurisme marron, l’ASPL a placé le club et son ambiance familiale au-dessus de tout. Les apports de joueurs extérieurs se font par petites touches, avec des joueurs capables de comprendre le club, de s’investir et de se fondre dans un collectif. Bastien Coullin, la très belle surprise de la saison 2018/2019, en est le parfait exemple. A Plobannalec, c’est l’état d’esprit qui prédomine et on glorifiera plus facilement un humble besogneux qu’un fainéant talentueux.
A force de travail, le capitaine Christophe Guéguen est devenu le symbole de cette équipe, exemplaire dans l’engagement, la fidélité et la combativité. A 36 ans passés, il reste un compétiteur hors-pair. Cette exigence est transmise aux plus jeunes, lors de ses causeries d’avant-match où il insiste sur le devoir de mouiller le maillot, par respect pour les anciens présents au stade : « On peut perdre, on ne nous en voudra pas si on perd contre meilleurs que nous mais chez nous on n’a pas le droit de pas tout donner. Le public attend qu’on se batte ».
A la veille d’aborder ce match couperet, il est certain que c’est toujours sur la fierté, l’orgueil et le combat que se porteront les discours car l’ASPL ne s’avance pas en favori mais connaît ses forces. Même sans sa cohorte de supporters, au stade, la commune retiendra son souffle au moment du coup d'envoi, pendant 90 minutes pour que l'ASPL poursuive sa route au 7ème tour. Les joueurs mettront tous les ingrédients pour rendre à nouveau fier ses fidèles supporters. L’affiche s’annonce superbe pour ce remake du 7ème tour de la saison 2012/2013 face à l'EA Saint-Renan. Mais qu’est-ce qui va se passer ? Pont-Plat va vibrer....
Malo Camus