Johanna Chevalier et Franck Lecoq ( Pays Landerneau Athlé): complètement marteau
''Le marteau est dangereux pour deux raisons : son poids et la forme de l'élan. La vitesse d'exécution requise et l'élan en rotation font que la direction du lancer est difficile à maîtriser'', affirme un document officiel consacré à la sécurité dans les lancers. Faisant fi des risques encourus, mon photographe attitré Pierre Lharidon et moi-même sommes allés rencontrer les lanceurs et lanceuses de marteau de Franck Lecocq samedi dernier à Bannalec, cadre des Départementaux des lancers longs. Pierre au plus près de l'action, moi légèrement en retrait. Et c'est sur une ''lanceuse aguerrie'' pour reprendre les termes de l'entraîneur du Pays Landerneau Athlé que nous avons jeté notre dévolu : Johanna Chevalier, ex-licenciée du CAB exilée à Brest pour raisons professionnelles.
Légende: La Lesconiloise, Johana Chevalier concourt pour le plaisir maintenant pour une des toutes meilleurs spécialistes du marteau en Finistère, regroupées presque toutes à l'école Lecoq, à Landerneau. Crédit photos: DR
A 28 ans, la lanceuse native de Lesconil ne court plus après la gloire. Elle qui détient tout de même un record à 42,80 mètres concourt aujourd'hui pour le plaisir. Ses plus belles performances sont déjà derrière elle. Elle s'en soucie peu. "Aujourd'hui, je ne m'entraîne plus qu'une fois par semaine. Ce que je cherche ? Un moment de détente et de plaisir partagé." Car dans le petit groupe coaché par Franck Lecocq, un bel esprit collectif prévaut. On ne lance jamais seul. Il y a de l'émulation, de la joie, de grands éclats de rire... Jusque sur l'aire de lancer où coach et athlète arrivent encore à se chambrer gentiment. C'est que Franck Lecocq le grand maître de cérémonie n'a pas son pareil pour détendre l'atmosphère. Voilà pourtant ce qu'il a l'audace de... lancer quand il s'agit d'évoquer les (rares) défauts de son élève. "Un peu trop fleur bleue, pas toujours assez concentrée. Il y a des moments où il faut être dedans."
Johanna Chevalier et Franck Lecocq.... Ces deux-là étaient faits pour s'entendre. Et quand Johanna balance "Ce que je retiendrai de mon parcours, ce sont avant tout de belles rencontres," pas besoin d'être grand clerc pour supposer que la rencontre avec Franck fait partie de celles-là. Ce qui peut les rassembler en dehors de l'athlé ? Peut-être le plaisir de transmettre. Chez Johanna, c'est un peu une vocation, puisque la jeune femme exerce la profession d'instit à Lambezellec où elle a en charge une classe de CP.
Mais cette hyperactive revêt aussi à l'occasion l'habit de directrice de colo. Et au sein du groupe de lanceurs, elle n'est pas la dernière on l'imagine facilement à donner un petit conseil à la jeune classe. C'est justement entre elle et Romane Creachcadec (Franck a dû s'y prendre à trois reprises pour m'épeler le nom) que va se jouer le titre de vainqueur du Challenge ce samedi, ce qui a le don d'amuser une Johanna très pragmatique sur ce coup-là. "C'est quoi le gain ? Une Coupe ? Mais qu'est-ce que je vais en faire ? Je voudrais plutôt un tee-shirt, moi..."
Mais assez ri ! Voilà venu son tour de lancer. Tout le monde retrouve un peu de sérieux, Franck y compris qui enregistre l'essai sur son vieux smartphone. Analyse à chaud ? "35 mètres. Pas terrible, me souffle le coach. Regarde : Elle lance debout. Elle ne peut pas s'exprimer dans le final. Il faut poser plus vite le pied..." Johanna, elle, est déjà passée à autre chose. Si la motivation est intacte (Elle espère encore être régulière à plus de 40 mètres cette saison), la vie du groupe et le stage qui se profile en février au Portugal sont tout aussi importants à ses yeux. La suite, ce sera aussi un autre challenge, le 10 kilomètres Le Croezou - Quimper pour cette sportive accomplie. Les France de lancer cet hiver ? Ce sera compliqué de s'y qualifier.
Mais Johanna laissera bien volontiers sa place à d'autres, à Carla Salou (disque junior), Marine Sibiril (Poids Espoir) et Gaëtan Corre (ce dernier auteur d'une grosse perf à Bannalec (54,79 m) qui seront du voyage à Salon de Provence (21 février). Sans compter deux autres athlètes finistériens entraînés à l'occasion par Franck Lecocq : Léana Leray (Poids et disque cadette) et Solenn Pocard (Javelot Espoir). C'est bien la preuve que la méthode Lecocq fonctionne.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec