A six dixièmes d'une troisième victoire dans la montée du phare d'Eckmühl, à Penmarc'h, le samedi 22 août, le Quimpérois, Quentin Thomas, vainqueur en 2012 et 2013, ne conteste aucunement la victoire de Maxime Signorino du CA Bigouden (" un très beau champion"). Cependant, il revient sur une forme de chronométrage manuelle qui peut faire douter du résultat final. Pour la 9ème édition de la montée du phare d'Eckmühl, les organisateurs du CA Bigouden ont connu un cas de figure particulier avec une victoire jouée en quelques dixièmes de secondes. Le sprinter de Treffiagat, Maxime Signorino a arraché une seconde victoire consécutive. Quentin Thomas s'est déclaré extrêmement déçu à l'annonce du résultat. Après deux semaines de recul, il affirme ne plus vouloir revenir sur la course si celle-ci ne passe pas au chrono électrique, qui couperait court à toute forme de contestation. Surtout pour un temps annoncé comme un record du monde.
En 10 ans, cette montée du phare d'Eckmühl, à Penmarc'h organisée par le CA Bigouden, a vraiment connu un succès exponentiel. L'idée d'une course verticale fut tout simplement prodigieuse. L'esprit a pris de suite. Les concurrents se pressent pour ce challenge unique. 70 concurrents au départ en 2007 pour la 1ère édition, 185 athlètes en 2015. Sitôt, la course finie, les résultats ou commentaires sont disponibles sur bien de médias nationaux. Un photographe de l'AFP (agence France Presse) est même dépêché depuis quelques années pour abonder en images cet évènement si particulier et unique. Le fait que cette course ait été dépassée par un succès soudain et inattendu, apparaît même comme un très bon signe de bonne santé. Pourtant, sur chaque édition, le taux de concurrents, qui reviennent sur cette course, atteint seulement les 50%. Le fait de le faire une fois suffit à bien des participants chargés en adrénaline au pied de cette expérience sportive. Quentin Thomas intègre la catégorie de compétiteur unique, qui voue à cette course verticale, un attachement élevé. A l'image du Nantais Loïc Sellin, présent sans discontinuité depuis la première édition en 2007. Ces amoureux de la montée du phare d'Eckmühl doivent être écoutés car il sont les garants des valeurs de cette course. " Si la course n'est pas munie d'un chrono électrique, je ne reviendrai plus! J'aurai toujours un doute sur le résultat final. Entre Maxime et moi, une demi-seconde nous séparait. Quand on regarde la vidéo, nos temps ont été annoncés par deux personnes différentes qui n'avaient pas le même chrono. Aujourd'hui, il faut passer un palier. Je ne suis entraîné que pour cette course, pendant deux mois. A la base, je ne suis pas un spécialiste de l'athlétisme. Je suis un escrimeur. Je reste un passionné de cette course, mais il faut la faire évoluer pour qu'elle grandisse encore".
Nous utilisons trois chronos manuels et prenons toujours le temps du milieu
Le chrono électrique sera-il la prochaine grande évolution de cette course? Pour Pierre Cochou, responsable au CA Bigouden, chronométreur fédéral et responsable des chronos au département, le temps pris à la fin de la montée du phare est pris par trois chronométreurs, comme le stipule le reglèment de la fédération française d'athlétisme. " Nous utilisons trois chronos manuels et nous prenons toujours le temps du milieu. Le temps pris pour Quentin a été quand il a posé le pied sur la dernière marche. Pas le temps quand son corps a passé la dernière marche. Cette façon de faire particulière nous a entraîné à une modification du reglèment qui voudra maintenant que l'équilibre du corps soit respecté au franchissement de la dernière marche". Et au sujet du chrono électrique, là encore la reflexion est en marche. " On n'est pas contre de faire progresser la course mais ça a un coût de fonctionnement général. Nous n'avons pas un gros budget sur la course. Ca fait 30 ans que je suis au chrono sur les courses. Les athlètes sont devenus bien plus exigeants qu'avant. Au championnat de Bretagne en 2013, nous avons eu un cas similaire sur un 80 mètres, le temps manuel et électrique nous donnait les deux premiers dans un ordre différent. On progresse toujours dans la vie avec ces cas de figure. On étudiera l'opportunité de franchir un cap en y parlant dans des réunions en interne".
Quentin Thomas, Maxime Signorino, Agathe Guillemot, Anne-Laure Le Garrec, Loïc Sellin sont une génération de passionné(e)s, qui feront l'histoire de la montée du phare d'Eckmühl, à travers le temps. Au temps des capteurs robotiques, électroniques GPS, cette évolution vers un chrono individualisé électrique peut devenir la prochaine marche franchie. Une de plus décidément pour cette course attachante, unique et attendue comme un des moments forts de l'été dans le Sud-Finistère.