Johan Saget et Laurent Bernard: C'était leur dernière séance
Laurent Bernard (à gauche) et Johan Saget quittent la scène des parquets de ligue. Avec plus d'une décennie de présence, le numéro 6 et 3 d'Ergué-Gabéric seront orphelins de leur joueur fétiche, l'an prochain.
" Personne n'est irremplaçable sauf que certains sont plus durs à remplacer", Laurent Bernard, 39 ans et Johan Saget, 33 ans ont joué leur dernier match de région face à La Vitréenne (28-35). Après plus d'une décennie passée à arpenter les parquets de ligue, le week-end, ce duo infernal a semé la zizanie dans plus d'une défense, même réputée les plus hermétiques. Avec le changement de club de Yvan L'Hermitte, meilleur buteur en excellence régionale, le club d'Ergué-Gabéric tourne une sacrée page de son histoire.
" Nous avons toujours pratiqué notre sport au sérieux mais sans se prendre la tête. Je sais qu'à un bon niveau, le sportif prend le dessus. Nous, c'était l'humain. On a tissé des liens uniques de vie, qui marqueront à jamais notre existence. Nous jouons avec nos potes de vie", résument en choeur Johan Saget et Laurent Bernard.
Avec une première licence signée en 1985/1986 au club d'Ergué-Gabéric, les deux compères ont cumulé un quart de siècle de présence avec le club de la ville au vert. Avec la bande des Mickaël Saliou, Julien Peroz, Mickaël Ropars, William Chauvin, Romaric Bataille, Mickaël Jean, Ergué-Gabéric a fait partie pendant quinze ans d'une des meilleures équipes en Finistère-Sud. Il est resté durant toute cette époque, un esprit et une marque Ergué-Gabéric, fait de super moment partagé sur et en dehors des parquets.
" J'ai passé mes meilleures années. Ce club était à notre image, convivial, sans prise de sérieux. Ca allait au-delà du simple fait sportif. C'était bien plus qui nous réussissait. Cet esprit a contribué à nous marquer à jamais. Nous manquions de régularité pour grimper jusqu'en prénationale mais sur un match, nous pouvions battre n'importe quelle équipe de région. L'équipe, qui montait en prénationale, en prenait bien souvent dix buts à Cros Spern. C'était leur rite de passage pour savoir s'ils étaient prêts à jouer plus haut (rires)".
Les souvenirs communs étaient nombreux. ( " Mon premier but en cadet à Lorient, sur une passe de "Lors"), les mises aux "verres", la veille en déplacement, les équipes de prénationale battues les unes après les autres en coupe de France ou Bretagne: Laurent Bernard, à son poste de pivot et Johan Saget, à son poste d'arrière, étaient tellement complices qu'ils avaient inventé un système propre, qui était devenu redoutable à contrôler. " On était des compétiteurs. Plus l'opposition était forte, mieux ça nous allait. Le bloc/débloc était devenu notre marque. Nous n'étions jamais aussi bons que face à Concarneau. Nous avons fini invaincus face à cette équipe, hormis sur un de nos derniers matchs. On adorait les faire tomber chez eux ou sur notre parquet. Enfin, j'ai eu l'immense honneur de jouer avec mon père, Jean-François, lors de mes débuts en senior. Ce n'est pas donné à tout le monde", explique Johan Saget.
Seul bémol à cette euphorie vécu collectivement, un certain changement d'habitude avec les nouvelles générations. " J'ai beaucoup de mal avec cette mentalité. Quand j'entends un jeune se plaindre d'une petite blessure, avertir au dernier moment de son absence sur les réseaux sociaux ou partir en cours de saison, ça me fait drôle. A leur époque, jamais on se serait permis d'afficher une telle attitude. On s'engage en début d'année et on le tient jusqu'au bout pour l'équipe ou le groupe. On est dans un sport collectif où le respect de l'autre est très important. En 21 saisons en région, je n'ai raté que deux matchs, hors blessures et suspension. C'était le moment de dire stop. Je suis cassé de partout", ajoute Laurent Bernard.
Yvan L'Hermitte, l'autre complice de toujours!
" A eux de notre race car il en reste peu", qualifiait leur entraîneur, Philippe Grijol. Défenseur d'un esprit et d'une philosophie épicurienne du sport, Johan Saget et Laurent Bernard auront profondément marqué la décennie 2000 à Ergué-Gabéric. " En tant que coach, ce fut un plaisir d'entraîner ces joueurs. Ils étaient sur-investis dans la vie du club. On pouvait toujours compter sur eux. Et ils n'ont jamais rien lâché en 25 ans de présence dans leur investissement. Laurent n'a jamais été épargné par les défenseurs, Johan a souvent joué sur une jambe. ils ne s'en sont jamais plaint, jamais je les ai entendus parler de leur cas personnel. Ils avaient une notion haute du sacrifice pour un maillot, une commune et un club. Leur club de toujours!", retient Pascal Bronnec.
La reconstruction de l'équipe première d'Ergué-Gabéric se fera sans eux. Avec le départ d'Yvan L'Hermitte, la triade magique de l'HBCG tire sa révérence en même temps. Quoi de plus logique, on vit ensemble, on joue ensemble, on s'en va ensemble! Le rideau est tombé. Chapeau bas, messieurs!