Longtemps exilée loin de sa Bretagne natale, l'athlète quimpéroise Ève Le Floc'h, aujourd'hui licenciée à l'Entente Athlétique du Pays de Brocéliande, est revenue sur ses terres il y a de cela un an et demi avec des projets plein les valises. Des projets en rapport avec la fonction de prof d'EPS qu'elle exerce en Ille-et-Vilaine au collège de Melesse. La grande idée, c'est en toute humilité d'associer ses élèves (dont certains en situation de handicap) à son parcours d'athlète et de traileuse car la jeune enseignante s'épanouit dans le partage. L'idée n'est pas née du jour au lendemain. Elle a longtemps germé dans l'esprit de cette passionnée d'athlé aujourd'hui attirée par le trail, la découverte de la montagne et son esprit d'aventure. A Gennevilliers où elle a enseigné, Ève a semé les premières graines, elle voit aujourd'hui plus loin.
Légende: L'Ultra-Trail du Mont Blanc, un vrai projet collectif et de groupe pour la Plomelinoise, Eve Le Floc'h, qui veut y associer comme elle a toujours fait, sa famille, ses ami(e)s et aussi ses élèves pour cette enseignante en EPS, dans un collège d'Ille et Vilaine. Crédit photo: DR
C'est en 2021 que débute la seconde vie d'athlète d'Ève Le Floc'h. Un véritable tournant dans la carrière sportive de la jeune prof d'EPS qui performe jusque-là essentiellement sur piste et en cross et possède de solides références. Insidieusement, l'usure s'installe en même temps que la fatigue et les douleurs sinon les blessures.
Ève insiste, persiste et signe. En vain. "J'ai été victime de ce qu'on peut appeler un burn out sportif. Mon corps a dit stop." Ce qui sauve l'ex licenciée du Quimper Athlé, ce sont déjà alors les voyages qu'elle entreprend à titre personnel et auxquels elle aime associer ses élèves. Au Kenya, elle va à la Saint Patrick High School à la rencontre de l'élite de la course pédestre africaine. Elle intervewe Lonah Chemtai Salpeter, célèbre athlète kenyane naturalisée Israélienne et débriefe le séjour avec ses élèves... Une jeune prof d'EPS qui va au contact des grands sportifs de ce monde, c'est quand même autre chose !
Et avec Ève, le cours d'EPS, c'est du concret. Quand elle participe au meeting de Cergy-Pontoise, elle invite ses élèves à y assister. Mieux : elle leur demande de collaborer à l'affiche de présentation de la réunion. Cerise sur le gâteau, elle y établit son record personnel sur 1500 mètres (4'36). "Le travail avec les élèves m'enlève la part de stress de la compétition. Cela me décentre."
A titre sportif, ce qui sauve aussi Ève, c'est la découverte du trail. Une discipline qu'elle regardait pourtant de haut. "Pour moi, les traileurs c'étaient des marcheurs." Le trail, elle le découvre d'abord de manière indirecte. Comme assistante d'une copine sur l'UTMB. Un vrai déclic. Avec l'UltrAriège (100 kilomètres), Ève saute à pieds joints dans la discipline, en tant que traileuse cette fois. "J'ai tout de suite aimé l'idée d'aventure, l'esprit collectif, la solidarité." Bref, le coup de foudre.
2025, collège de Melesse. Retour à la réalité. Mais de la réalité au rêve, il n'y a parfois qu'un pas. L'obsession d'Ève, l'enseignante d'EPS : la classe inclusive. Ses élèves en situation de handicap (parfois lourd), elle les met au contact de sa classe de troisième. Tous les mardis, au coeur du même cours. On bouleverse les habitudes. Les élèves de troisième jouent parfois les profs auprès de leurs jeunes camarades. "Quand on est dans une impasse, je me sers de mes élèves pour trouver une solution." Et ça marche. Magnifiquement. Les plus heureux de tous ? On ne saurait dire lesquels. A chaque fois, c'est un nouveau challenge. Et toujours un plaisir renouvelé. Pour l'occasion Ève est secondée par une équipe de profs et d'éducateurs spécialisés dont une vraie complice, une certaine Elise Bétrémieux. Le genre de fille qui vous pousse à réaliser vos rêves les plus fous.
Le rêve en passe de se concrétiser n'est pourtant pas si fou que ça. en s'appuyant sur l'asso "En passant par la montagne" qui valorise précisément l'inclusion en montagne, Ève entend décrocher un dossard solidaire et participer à l'UTMB (170 kilomètres). "Impossible pour moi de vivre un défi pareil sans y embarquer mes amis, ma famille et bien sûr mes élèves. C'est pourquoi j'ai décidé de courir pour cette asso qui défend les valeurs auxquelles je crois : inclusion, coopération, dépassement de soi... C'est le premier objectif que je vise en récoltant 2200 euros sur cette cagnotte afin de valider mon inscription en tant que coureuse solidaire."
Partant de là, elle aimerait monter un projet avec un petit groupe de collègiens. Un équilibre entre ses élèves de troisième et ceux qui relèvent d'Unités d'enseignement en établissement spécialisé. "L'idée, ce serait tout simplement de leur faire découvrir la montagne. Pour certains, c'est la première fois qu'ils partiraient. Prendre le car, c'est déjà pour eux toute une aventure..." Il reste à convaincre les uns et les autres de l'intérêt de la chose. On aimerait tant qu' aboutisse ce formidable projet!
RUBRIQUE CARTE BLANCHE A MARC FEREC
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