L'histoire aurait pu être si belle... Le sort en a voulu autrement. Auteur d'un match remarquable dans la confrontation qui opposait son équipe aux Vendéens des Sables (N3), le gardien de but du FC Pen Hir Moran Le Goff n'a pu cette fois sauver sa formation lors de l'ultime séance des tirs aux buts. "Une première puisque dans cet exercice, je n'avais jusqu'ici jamais perdu." Le dernier rempart camarétois n'a pourtant pas grand-chose à se reprocher : avant de s'incliner face au 13ème tireur vendéen, il avait repoussé trois tirs aux buts et en avait même transformé un. Frustrant, très frustrant pour ce garçon qui aura joué un rôle primordial dans le parcours épique de la formidable formation du FC Pen Hir. Une totale réussite que la reconversion de cet ancien joueur de champ à l'allure débonnaire en gardien de but. Car de Pleyben à Châteaulin en passant par Crozon, Moran Le Goff a tâté de tous les postes ou presque. C'est aussi ce qui en fait un gardien différent.
Légende: On dit souvent d'un joueur polyvalent, qui peut jouer à tous les postes sur le terrain sauf celui de gardien, pour Moran Le Goff, il présente un profil complètement atypique, même cas de figure sur le champ mais aussi exceller dans les buts. Crédit photo: Marc Férec
On aurait pu s'attendre à une domination outrancière des Vendéens, un match attaque/défense où l'équipe présumée supérieure fait le siège du but du petit Poucet. En bref, le genre de match où le portier de l'équipe dominée se met en évidence, casse la baraque, retarde l'échéance et décroche malgré la défaite les félicitations unanimes. Pour le gardien camarétois, cette configuration de match n'eut jamais lieu. Mais la partie n'en fut pas plus facile pour autant. En 90 minutes, combien de franches occasions de but se créèrent les Vendéens ? Combien de situations chaudes à gérer pour Moran Le Goff ? 6 ou 7, guère plus. "En première mi-temps, j'ai un ou deux arrêts difficiles à effectuer. Pas plus." C'est alors sur sa ligne que se distingue le gardien reconverti.
Changement de ton en deuxième période : Les Sables appuient sur l'accélérateur et Moran Le Goff est davantage sollicité. Rien à voir avec Fort Alamo mais les Camarétois connaissent une baisse de régime physique et Moran va devoir sortir la panoplie du bon gardien. Tout y passe : l'arrêt réflexe, l'autorité dans le jeu aérien (il le fallait face à la qualité athlétique de l'adversaire) et aussi les sorties à bon escient... Une bonne lecture du jeu qui n'est évidemment pas sans rapport avec son passé de joueur. On oubliait la précison dans les relances, au pied comme à la main. Et une grande sérénité, de celle qui vous rassure toute une défense. Oui, un match complet...

Alors, à l'issue de la séance de tirs aux buts, la déception forcément, est à la mesure du match livré. L'émotion point quand un supporter, un copain vient l'enlacer, le consoler. Et Moran a encore un peu de mal à réaliser, à rembobiner le fil de ce match mille fois gagné qui leur a finalement échappé, à lui et à sa bande de potes.
"Un match comme ça, on en joue une fois dans sa vie. Dommage qu'on se relâche un peu dans l'euphorie du premier but. Et sur les tirs aux buts, on a la balle de match au 5ème tireur." Pas question d'accabler le copain. Même si le retour sur terre s'annonce compliqué. Pour Moran, pas le temps de gamberger. Le gardien travaille de nuit dans un bar de la Prequ'île.
Il ne comptait d'ailleurs pas plus de 3 heures de sommeil avant d'enfiler le maillot ce dimanche. De l'aventure, Moran ne veut retenir que le positif. "Sans le public, on n'aurait jamais réalisé ça. La fête a été belle !" On en redemande
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