Première licence en 1976, à l'AS Loctudy, Olivier Vigouroux est resté à tout jamais Vert, une fidélité exclusive au club de sa commune, hormis une année en jeune en commun avec Pont l'Abbé. Enfilant son premier maillot senior, le 22 septembre 1985, pour un baptême du feu face à Pouldreuzic ( qui avait battu quatre ans plus tôt en coupe de France Pont l'Abbé, Plobannalec-Lesconil ou Plouhinec et failli le reproduire face à l'US Concarneau), presque 40 ans plus tard, il prolonge ce ritual immuable, encore ce dimanche, face à Gourlizon, où sa technique fine de pur gaucher lui permet de donner une sérénité à ses coéquipiers. Ses crochets courts sont toujours un régal et marche toujours pour ensuite trouver la bonne formule dans ses relances. A 55 ans, il a repris du service, pour aider son club, mettant une parenthèse d'un an à l'arbitrage, pour dans l'urgence du moment, donner un coup de main. Pour cette mission presque d'intérim, il fait front à l'image de son équipe, au côté de Nicolas Coupa, ayant passé la barre de la quarantaine, ou de Joffrey Le Roux. Son cas est un exemple presque unique dans le Sud-Finistère, à ce niveau de la D1. Christian Strullu prolonge aussi ce plaisir en retournant dans son premier club, Plozévét, pour officier en équipe réserve D2, mais en D1, à 55 ans, Olivier Vigouroux est une exception relié à une passion exclusive pour son club de l'AS Loctudy. Malgré la tempête subie à l'intersaison et cette saison galère, il y agit comme un roc, insubmersible et toujours prêt à rendre service, quite à réenfiler un maillot mis au placard en 2017/2018, pour se diriger vers l'arbitrage.
Légende: Au coeur de la défense loctudyste, Olivier Vigouroux, 54 ans, n'a pas raté un match en équipe première, et jouant quasiment l'intégralité des 90 minutes de chaque matchs, en D1, poule E.
Cette parenthèse d'Olivier Vigouroux s'est promis de durer un an. Face à l'urgence de la situation, qui du bonheur de la montée en D1, en mai, a rendu ce cadeau presque empoisonné, deux mois, avec une vague de départ sans précédent ( 10 au total sur l'équipe première), Olivier Vigouroux qui avait suivi la préparation d'avant-saison avec l'AS Loctudy, comme il en a l'habitude depuis qu'il a rejoint les rangs corpo au FC Be Good United, a été rappelé à l'arrière-ban pour donner un coup de main.
" Je le devinais sur les premiers entraînements. Sylvain Riou m'a taquiné sur le fait que je devrais bientôt remettre le short pour rejouer en senior. Je l'ai ressenti comme une évidence. Je suis là pour donner un coup de main. Du premier match à Pleuven (3-0) à celui d'aujourd'hui face à Gourlizon, j'ai joué les 90 minutes de chaque match de championnat sans être remplacé ( hormis à Plouguffan où je n'ai joué que 45 minutes)", admet Olivier Vigouroux.
Il aurait pu se contenter de donner un coup de main, de temps en temps, entre les matchs du Corpo ( L1) du FC Be Good United et ses matchs à arbitrer le dimanche après-midi. " Je l'ai fait régulièrement de jouer le matin en corpo et d'aller ensuite sur le match senior que j'arbitrais. J'aime l'arbitrage, les gens ne connaissent pas assez l'arbitrage, il n'est pas bien reconnu. Il y'a vraiment une communauté, et une excellente ambiance entre les arbitres. Ca fait sept saisons que je suis devenu arbitre. J'ai rarement eu de soucis, ça se passe toujours bien. Il y'a plein d'endroits super dans ce football local, j'avais même demandé à quitter de plus en plus notre secteur, pour aller découvrir de nouveaux clubs et nouvelles personnes. Il y'a un vrai côté enrichissant à être arbitre, aller de stade en stade dans une saison. Pour l'instant, je n'arbitre qu'en district, mais mon ambition est de grimper en ligue".
Couvrant évidemment l'AS Loctudy, ce Loctudyste pur jus représente un dévouement hors pair pour son club. Avec 48 licences au compteur, s'approchant des "noces d'or", Olivier Vigouroux fait parti de ce cercle fermé et en voie d'expiration, de joueur qui n'ont emprunté qu'une seule voie dans le football, celui d'un club le rattachant à sa commune. Le faire dans une telle durée, montre évidemment un caractère, une droiture, quelqu'un qui est là dans les bons et surtout dans les mauvais moments. Comme celui vécu en ce moment, par l'AS Loctudy, qui évidemment, cette montée ne s'est au final pas revélée un cadeau, mais elle ne pouvait pas être refusée, aussi en la mémoire de Jean-Jacques Le Lay, qui l'avait tant voulu et oeuvré en ce sens pour remettre l'ASL à cette barre de niveau sportif.
" On a perdu une bonne douzaine de joueurs à l'intersaison à l'intersaison, plus les blessures de joueurs importants. Ca fait beaucoup, mais il y'a une forme de solidarité entre nous. A l'entraînement, on fait les efforts, tout le monde s'entraîne, à 10/15 par séance. Sur le terrain, on souhaite montrer comme face à Gourlizon, une équipe qui ne lâche pas et ne se plaint pas. On connaît la situation, ça ne sert à rien de s'appesantir dessus, ça ne nous fera pas avancer. On réussit une mi-temps très correcte face à la Stella Maris B, au FC Odet, on fait notre meilleur match de la saison, à Goulien, on prend un but en toute fin de match, alors que nous avons eu les plus grosses occasions du match. Face aux Paotred Dispount C, qui ont l'habitude de faire de gros scores, on ne cède que 0-2, en coupe. L'état d'esprit est là, on y est dans ce domaine, c'est finalement le plus important des facteurs dans le sport", résume Olivier Vigouroux.
Exemplaire sur et en dehors des terrains, Olivier Vigouroux a repris du service dans l'axe de la défense, lui l'ancien latéral gauche, prouvant qu'un gaucher reste toujours particulier dans sa relation avec la balle. C'est propre, ça ne panique pas, et ça veut transmettre le ballon dans les meilleures conditions à son partenaire. Lanterne rouge de son championnat, quasiment condamné à faire l'ascenseur, l'AS Loctudy n'a pas encore trouvé la victoire, mais il sait qu'en interne, ils ont remporté cette victoire de ne pas avoir lâché, d'avoir continué là où certains auraient pensé à arrêter. En bon Bigouden, le renoncement n'est pas une option dans cette partie du Sud-Finistère.