Mickaël Moenner (ES Plogonnec), gardien sans peur et sans reproche
Newsouest ne recule devant aucun défi! Le dernier en date imaginé par Christophe et réalisé par moi-même : s'en aller interviewer un gardien qui vient d'encaisser six buts ! En l'occurrence, Mickaël Moenner, le portier d'une valeureuse formation plogonnécoise passée à la moulinette par la GSI Pontivy au 5e tour de la Coupe de France (0-6). Un score sans appel mais entre la GSI et l'ES Plogonnec, il y avait un écart abyssal dimanche dernier au Péronic. Et Mickaël Moenner n'a pas grand chose à se reprocher. Ce que ne traduit pas le résultat final, il a même plutôt livré un bon match et sans doute évité aux siens une plus large défaite encore. Mickaël Moenner ne m'a pas envoyé paître ! C'est avec une gentillesse et une humilité désarmantes qu'il a bien voulu évoquer le match et revenir sur son parcours.
Légende: Vivant un début de rentrée exceptionnel, Mickaël Moenner a endossé les gants pour un match de gala, au 5ème tour de la coupe de France, de son équipe, l'ES Plogonnec (R2) face à la GSI Pontivy (N3), ce samedi en fin d'après-midi.
"Tu sais, je suis plus habitué au district qu'à la Ligue. Le district, c'est toute ma carrière. L'an dernier, j'ai peu joué. En alternance avec la B et la C, en D2 et en D3. Il y avait trop de gardiens au club. Au mois de mai je me suis fait les croisés. Je ne devais reprendre qu'à la fin du mois de septembre..."
On croirait presque à l'écouter que le gardien plogonnécois a été miraculeusement intronisé titulaire de l'équipe première du club. On imagine bien pourtant que si Sébastien Desaintpaul a fait cette saison de Mickaël le titulaire de l'équipe première et qu'il lui accorde sa confiance, l'affaire ne doit rien au hasard. Sa chance, le jeune père de famille a su la saisir. "Depuis un match de Coupe de France à Logonna-Daoulas."
Mickaël n'en dira pas plus mais le gardien plogonnécois s'y était distingué en évitant - lors d'une série de tirs aux buts mémorable - une sortie de route prématurée à son équipe. Et en championnat, face à Moëlan ou plus récemment à la Stella, il a à chaque fois tiré son épingle du jeu. Lucide par rapport aux progrès qu'il lui reste à accomplir. "En Ligue, tout va plus vite. Et je dois encore m'améliorer sur certains points, la gestion de la profondeur par exemple."
A 32 ans, Mickaël savoure plus encore sa titularisation en équipe première. "Des matches de Coupe de France, cela faisait plus de 10 ans que je n'en avais pas disputés. Je prends cela comme un cadeau." Un cadeau dont Mickaël a bien failli être privé lors du tour précédent, il y a 15 jours de cela face à Kervignac.
Le responsable ? Un certain Noah, le dernier né chez les Moenner, dont la naissance était précisément programmée ce week-end-là. "Je ne savais si j'allais jouer. Finalement, si ! mais évidemment j'y ai pensé pendant toute la partie. Heureusement Noah a eu la délicatesse de ne naître que le lundi matin."
En revanche, le frère aîné Aïden, 5 ans, au moment de faire son entrée sur le terrain dimanche aux côtés de son papa - comme le cérémonial l'avait prévu - avait disparu de la circulation. Parti galoper dans les coulisses du stade avec les copains. Le papa lui pardonnera. On n'est pas sérieux quand on a 5 ans...
Mickaël, c'est à 6 ans qu'il a chaussé ses premiers crampons. A Plogonnec évidemment ! Son CV footballistique se résume à son club de coeur. Et comme quand on aime, on ne compte pas, le garçon y occupe ou y a occupé à peu près toutes les fonctions : responsable de l'école de foot, secrétaire, vice-président... Avec délicatesse et bon sens. "Ce samedi, les moins de 16 devaient jouer à Locronan et dans ce cas, ils n'auraient pas pu assister à notre 5e tour de Coupe de France. J'ai demandé à ce que leur match soit différé."
Aujourd'hui si le club évolue et se professionnalise, ("Il y a 8 ans on était en D2"), Mickaël n'oublie jamais ses racines. Et ses racines, c'est d'abord le plaisir du jeu. "C'est ce que j'essaie d'inculquer." Que souhaiter de plus à Mickaël ? C'est la question que je lui ai posée au moment de se quitter. "Peut-être marquer un but avant la fin de ma carrière." Un nouveau défi que Mickaël Moenner pourrait bien relever...
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec