Athlétisme: les Interclubs, c'est un pour tous, tous pour un
Les Interclubs en athlé, quand on y a goûté, on ne peut qu'y revenir... Vous ne rencontrerez pas beaucoup d'athlètes ou de dirigeants de club qui vous diront le contraire. La raison, c'est que dans un sport par essence individuel, c'est pour une fois le collectif qui prime. On ne se bat plus pour soi-même, on ne se bat plus tout seul contre le chrono, mais on se bat pour son maillot, pour son club, on encourage le partenaire de club, on le supporte, on le porte. Littéralement ! Dans une espèce de liesse communicative du genre tous pour un ou un pour tous. Dans la vie d'un club, quand revient le joli mai, les Interclubs, c'est un moment particulier, un moment privilégié, un moment rare. Pas l'ombre d'un nuage vraiment dans le ciel des Interclubs ? On dit pourtant que les temps changent, que les mentalités évoluent, que l'individualisme menace... Une enquête s'imposait. Sur le terrain. Plus précisément, au stade Bigouden, théâtre du second tour des Interclubs pour bon nombre de clubs finistériens.
Légende: Les Interclubs, un mélange entre générations, qui l'espace d'une journée, font oublier le temps, les chronos, pour être en adéquation et faire corps avec un club. Crédit photos: DR
Un (petit) pavé dans la mare pour commencer : Les Interclubs, puisque tous les athlètes trouvent cela si extraordinaire, pourquoi n'y participent-ils pas tous ? C'est en gros le point de vue de Pierre Lharidon, secrétaire du Quimper Athlé et du CD 29. "Je pense que quand un athlète prend une licence, il devrait s'engager à participer aux Interclubs. Ce serait la condition sine qua non de la reconduction de sa licence. Quand j'étais dirigeant à l'ALCP Carhaix, c'est comme cela que ça fonctionnait et ça fonctionnait naturellement bien. Donner un coup de main à son club deux fois par an, ça n'a jamais tué personne."
Difficile de lui donner tort sur ce coup-là ! On peut comprendre évidemment que des athlètes d'envergure nationale ou internationale engagés dans des meetings soient parfois amenés faire à l'impasse sur les Interclubs.
Mais puisque les (quelques) absents ont souvent tort, pourquoi ne pas se réjouir de la bonne santé de ce rendez-vous incontournable ?
Les Interclubs en perte de vitesse ? Allez donc poser la question au président du CD 29, Gildas Porzier (grimé pour l'occasion aux couleurs de son club de coeur). J'ai pris le risque. Le micro (il animait la manifestation) lui en est presque tombé des mains. "Non mais tu as vu le défilé des équipes sur le stade ce matin ? Tu étais là ? Une ambiance extraordinaire. Et ce soir ? Tu restes ? Pour clore la journée, il y aura la course des mascottes. Je crois que contrairement à ce que tu laisses entendre, les Interclubs sont en regain. Depuis la fin de la parenthèse Covid, c'est très net."
C'est précisément le point de vue de Gérard Pinel l'emblématique président du Lannion Athlétisme. " L'esprit fédérateur des Interclubs est plus que jamais d'actualité. Et c'est peut-être encore plus vrai dans les petits clubs."
Tiens, tiens ! Le Covid n'aurait pas brisé le bel élan collectif. Il l'aurait au contraire amplifié. Comme si les gens avaient besoin de se retrouver toutes générations confondues ! Oui, c'est cela ! Un grand mix de générations. "Le point de départ, m'a confié la Brestoise Maria Terente-Corre, c'est le déplacement en car. On se retrouve tous ensemble ! Rien de tel pour souder un groupe ! C'est là aussi qu'on incite les petits à aller encourager les grands. Mais pas besoin de leur dire deux fois."
Un grand brassage des catégories d'âge que l'on retrouve sur le terrain même quand les plus jeunes se frottent aux plus anciens. C'est par exemple Rolland Tilly, 71 ans, le président du LTA (ils ne sont pas jupitériens pour un sou nos présidents) qui s'essaie au disque pour filer un coup de main à son club ("je vise les 20 mètres").
"Par rapport à tous ces jeunes qui pourraient être mes petits enfants, je me sens parfaitement à l'aise." Le charme des Interclubs, ce sont aussi ces athlètes qui pour rapporter quelques précieux points s'essaient à des disciplines qui ne sont pas les leurs. Corentin Peoch au 100 mètres (Si tu peux confirmer Corentin, c'est Pierre qui me l'a affirmé), la danseuse et juge Delphine Guillemot ou Stéphane Le Pape (encore un président, du CAB cette fois) à la marche... " Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est pas facile la marche", me glisse ce dernier.
Bref, les Interclubs, comme dit Delphine la maman d'Agathe (elle a plein d'étiquettes, Madame Guillemot), "c'est le rendez-vous à ne pas manquer". "Une ambiance incroyable", m'avait confié le Galouperien Olivier Le Damany qui je crois découvrait le truc (et par la même occasion le 3000 mètres), à 37 ans.
Avec des yeux d'enfant ! Les Interclubs une fois qu'on y a goûté... C'est encore ce que je me disais quand j'ai levé les yeux sur l'espèce de tour de contrôle mobile qui sert de base aux chronométreurs de la compétition : Au milieu de ces fringants septuagénaires trônait l'incontournable Jean Le Vaillant, 82 ans. On lui en aurait donné 20 de moins ! Les Interclubs, il n'y a pas à dire, ça conserve !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec