Ma dernière mission pour Christophe, mon rédacteur en chef préféré ? Profiter de mon passage, au stade Eugène Piriou à Châteaulin et du match de championnat contre Bohars pour mettre en lumière deux joueurs prometteurs, deux représentants de la riche génération U 18 du club, qui lui avaient tapé dans l'oeil lors d'un match d'avant saison : Baptiste Louboutin et Yoan Le Dren. Damned ! Aucun des deux ne figurait sur la feuille de match. C'est Olivier Cornec le plus Châteaulinois des Châteaulinois qui m'a retiré l'épine du pied. "Tu recherches sur la feuille de match des joueurs qui représentent l'avenir du club ? Concentre-toi sur Nathanaël Le Guen et Corentin Bernard, le 5 et le 10 et on en reparle en fin de match..." Le 5 et le 10 : deux postes clés quand on y pense ! Je ne les ai pas quittés des yeux.
Légende: Corentin Bernard ou Nathanaël Le Guen, symboles de cette jeunesse châteaulinoise, qui trouve en ce club formateur, un terrain d'expression à leur mesure. Crédit photos: DR
Le premier à se mettre en évidence ? Corentin Bernard, le Crozonnais d'origine, dans son rôle de meneur de jeu, habile à décrocher ou à dézoner, aussi à l'aise dans le rôle d'attaquant que dans celui de dernier passeur. Techniquement très propre, comme on dit. Et précieux dans l'exercice des coups de pied arrêtés. "C'est un vrai numéro 10, à l'ancienne, m'a soufflé Olivier Cornec, une expression qui prend tout son sens dans la bouche de l'ex-défenseur châteaulinois. Il est passé par Brest et Concarneau mais l'expérience n'a pas été concluante. C'est toujours pareil : Dans ces structures pros ou semi-pros, il y a beaucoup de prétendants mais peu d'élus. Il voulait même par la suite arrêter le foot. Nous, on a récupéré un gamin en or qu'il faut encourager."
Ce que m'a confirmé Didier Hascoët, l'entraîneur de toujours. "Ce n'est pas par hasard que Corentin a signé chez nous. Il était pourtant sollicité par quelques clubs de R1 mais il a retrouvé ici ce qu'il recherchait : un club familial et le plaisir de jouer. Comme Nathanaël, c'est un joueur à l'état d'esprit irréprochable qui progresse à chaque sortie."
On a moins vu dans un premier temps le défenseur central Nathanaël Le Guen. C'est quand Châteaulin jusque-là plutôt dominateur s'est mis à reculer que le jeune défenseur (18 ans tout juste) formé au club a fait étalage de tout son potentiel et d'une maturité assez étonnante. Alors ? Heureux, Nathanaël ? "Je ne suis pas spécialement satisfait de ma performance. Encore trop de déchet technique", confie paradoxalement le jeune étudiant en Médecine, sous l'oeil amusé de son petit frére Raphaël - une marmule celui-là -titulaire au Stade Brestois en U17.
Nathanaël, c'est un éternel perfectionniste, se marre Olivier Cornec. Mais quand on pense qu'il a cessé de jouer pendant un an pour se consacrer à ses études de médecine et qu'il est déjà revenu à ce niveau, ça laisse songeur... "Avec l'expérimenté Gaetan Rambert revenu au club après un passage comme entraîneur à L'ES Mignonne (Saint-Urbain/Irvillac), le FC Châteaulin peut se targuer de posséder une charnière centrale déjà très complémentaire.
Ni Didier Hascoët ni Olivier Cornec ne veulent cependant précipiter les choses. "Aujourd'hui hormis Nathanaël et Corentin, il y avait encore Charly Le Huby sur le terrain. Alors, intégrer les U18 en équipe première, oui mais de manière progressive et pas à n'importe quel prix. L'idée, c'est de les habituer à jouer sous pression épaulés par des joueurs d'expérience. Mais on ne veut pas précipiter les choses. Si aujourd'hui Baptiste Louboutin ou Yoan Le Dren ne figurent pas sur la feuille de match, c'est qu'on souhaite les ménager. Ce sont des joueurs techniques et donc susceptibles de prendre des coups comme ça été le cas en Coupe de France."
Une certitude : d'ici peu, les Châteaulinois devraient récolter les fruits de leur solide politique de formation. Les bons résultats obtenus à la fois par les U18 de Cédric Le Page et l'équipe réserve en témoignent. A Châteaulin, les bases et l'état d'esprit sont aussi sains que la qualité d'accueil. Oui, encore un peu de patience et la génération montante pourrait bien faire parler d'elle.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec