La vie à deux, il paraît que c'est compliqué ! Alors, je vous dis pas ce que ça peut donner quand un duo est embarqué dans la même galère, en l'occurrence la course pédestre organisée par le Quimper Athlé : ELLE et LUI ou LUI et LUI ou ELLE et ELLE. Bref, une course à deux si vous me suivez toujours. Qu'est-ce qu'on se dit pendant l'épreuve ? On s'encourage, on échange des mots tendres, des roucoulades énamourées ou alors on s'invective - on s'engueule quoi ! - comme dans la vraie vie ? Mon angoisse ? Qu'au sein du duo pendant la course, on ne se cause pas ! Ca, ça m'aurait embêté : mon article serait tombé à l'eau. Et Christophe, mon rédacteur en chef, me serait retombé dessus. Oui, j'avoue que l'angoisse de la page blanche m'a saisi au moment de poser la question fatidique sur la ligne d'arrivée.
Légende: Lié du début jusqu'à la fin... de la course, plusieurs avis de duos, à l'arrivée de l'épreuve Elle et Lui, à Quimper, ce dimanche après-midi, à l'exemple de la Dream Team de Courir à Coray. Crédit photo: DR
Un vieil expert des courses pédestres m'avait prévenu : "Ta question, c'est en queue de peloton qu'il faut la poser. C'est là qu'on papote." Mais à tout seigneur tout honneur (ou à toute seigneuresse tout honneur, faut que je fasse gaffe), je me suis tourné d'abord vers Sébastien et Garance, le duo vainqueur.
Qu'ont-ils bien pu échanger pendant la course ces deux-là ? Rien du tout ? "De petits conseils techniques", a balancé Sébastien. Mais encore ? "je lui disais de se cacher du vent , de s'économiser au maximum pour mieux se relancer dans le final." Garance acquiesçait. "Plus que des paroles, on échange des sourires, des regards." Hum, hum... Des conseils techniques, le fils de Moïse (Je parle du président du Quimper Athlé) en a subi un déluge. Il a d'ailleurs fini sur les rotules. Parce que le copain qui l'accompagnait dans l'aventure ( il se reconnaîtra) c'est le genre de garçon qui aime à causer sans discontinuer. "je lui disais de mouliner dans les montées, de rétrécir la foulée, de faire attention à sa posture..."
Le débriefing promettait de s'inscrire dans la durée. J'ai laissé les deux jeunes compères s'expliquer et me suis dirigé vers la dream team de Courir à Coray. Là, je peux vous dire que ce sont les filles qui mènent le bal (Catherine et Alexandra en l'occurrence parce que les deux gars, je ne les connaissais que de vue.) "Moi, mon rôle, c'était d'indiquer les dangers à Catherine", a avancé Patrick (le binome de Catherine) le plus sérieusement du monde. Eh bien oui, les trottoirs, les poteaux de signalisation, c'est piégeux, la ville." Pendant ce temps, Catherine tout comme Alexandra n'avaient qu'une idée en tête. "Faut qu'on accroche les jeunes !" Entendez par là, les coureurs inexpérimentés partis sur les chapeaux de roue.
A mesure que le peloton des arrivants se déroulait, j'ai recueilli des confidences plus étonnantes. Figurez-vous que pendant la course, il arrive qu'on se fasse des déclarations, oui que l'on échange des mots doux. Je pense à Jérémy et Camille, tendre couple venu de Pontivy. "Je lui rappelle les bons moments qu'on partage dans la vie", a roucoulé Jérémy. Camille confirmait. "Si, si c'est vrai. Mais quelquefois, j'avais juste envie de lui dire chut, tais-toi." Ah bon ? C'est encore Jean-Michel le coprésident du DRAC (club de rugby douarneniste bien connu) qui rejoue à sa bien-aimée Audrey une version soft du "Je t'aime, moi non plus" de Gainsbourg. Elle : "Il me disait des mots tendres, vas-y ma chérie." Lui : "Moi, je la prenais par le bras pour la porter (je crois qu'il a dit l'attirer, il est délicat, Jean-Michel) jusque l'arrivée."
L'harmonie du couple pendant l'effort repose encore sur la connaissance intime de son partenaire. "Je la connais bien. Je sais quand il faut dire certaines choses et pas d'autres. J'aime amener progressivement Isabelle à se calquer sur ma foulée... " Une vraie déclaration d'amour d'Hervé à Isabelle tendres représentants des Semelles Douarnenistes. Et que tous les goujats du macadam prennent en compte le petit conseil d'Hervé. "Il faut positiver. Surtout, ne jamais dire : va plus vite !"
J'ai encore rencontré sur la course Malika (toujours les semelles Douarnenistes) qui plutôt que d'écouter les conseils de Fabrice en profite pour faire du shopping. "Je ne savais pas qu'il y avait autant de boutiques à Quimper". J'ai aussi fait la connaissance de drôles de zèbres, des vrais zèbres, je veux dire un duo (Louise et Pierre) déguisé en zèbre. Ces deux-là (tout comme le couple déguisé en bagnards mais ceux-là, je pense qu'à cette heure ils courent toujours) ont voulu épater la galerie mais causer quand on porte une peau de zèbre sous 25 degrés, c'est une autre affaire. "Au bout de 50 mètres, on s'est rendu compte de notre erreur mais au moins on a attiré les regards des enfants." C'est toujours ça !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec