Plonéour FC, le bonheur retrouvé de la ligue (3/5)
Au terme d’une saison écourtée, en raison du contexte sanitaire, le Plonéour Football Club termine en tête du championnat de Division 1, Poule E. Suite aux décisions prises par la Fédération, ce titre honorifique offre l’accession en Régional 3 aux Plonéouristes qui retrouvent donc la Ligue, deux ans après l’avoir quittée. Une montée logique au regard des matchs joués et du jeu déployé, le Plonéour Football Club de Christophe Le Goff était bien la meilleure équipe du groupe. Tel un rouleau compresseur, le PFC n’a laissé que des miettes à ses adversaires: 13 victoires en 15 matchs, 40 points remportés sur 45 mis en jeu, une moyenne de quasiment 4 buts par match…
Plonéour FC a accompli une saison de premier plan en D1, groupe E.
Descendu de R3 en 2018, ratant la remontée immédiate en échouant sur le podium de D1 en 2019, le PFC s’avançait en favori sur la ligne de départ de cette saison 2019-2020. Avec une intersaison calme, les départs majeurs d’Adrien Talbot et Dimitri Lucas ont bien été compensés par les arrivées de Glenn Rogel, de Malo Camus et de Jérémy Gargadennec, l’effectif Bigouden avait fière allure. L’équipe aura donc tenu son rang pour remettre le club à sa place, en R3.
Pourtant, la route ne fut pas si tranquille que cela. La saison aurait pu prendre une toute autre tournure. Eliminé prématurément dès le premier tour de la Coupe de France contre l’AS Plomelin (0-1), le PFC affichait les mêmes faiblesses depuis deux saisons : maîtrise globale, domination stérile et manque de réalisme dans les zones de vérité. Rassurés par deux victoires en Coupe de Bretagne, les Bleu et Rouge s’apprêtaient à débuter leur campagne en championnat avec confiance et détermination.
Mais la leçon n’était toujours pas apprise : incapable de prendre à défaut le promu Tréboul, une formation aussi surprenante que séduisante, le PFC se faisait punir sur la seule opportunité douarneniste et débutait sa saison par une défaite à l’amer goût de déjà vu. C’en était trop pour le coach Christophe Le Goff, tout proche de dire stop, quittant le stade sans même repasser dans le vestiaire à l’issue de ce match inaugural. Tel le scientifique qui, par dépit autant que par usure, envoie valser fioles et flacons d’un revers de main pour mettre fin à une expérience dont il ne trouve pas la solution, l’entraîneur bigouden était prêt à abandonner.
Prêt à abandonner car persuadé d’avoir tous les éléments pour réussir mais ne parvenant pas à les associer afin d’en extraire la quintessence collective. Prêt à abandonner car ayant l’impression de travailler dans le vide tant les maux se répétaient inlassablement, identiques de saison en saison, faisant naître un certain découragement. Alors le co-président André Hascoët, autre homme providentiel de ce club, a pris les choses en mains et a su trouver les mots pour redonner l’envie au technicien de continuer. Et Christophe Le Goff finit par être convaincu, car l’homme n’est pas du genre à lâcher. Il a en lui cette qualité chère aux Bigoudens, qu’il le soit de naissance ou d’adoption, la ténacité. Une qualité certainement développée du temps où il opérait aux Cormorans Sportifs de Penmarc’h, côtoyant notamment l’exigence de l’insatiable Yann Raphalen…
Les actes fondateurs d’une saison ne sont pas toujours à chercher dans les victoires, ils se trouvent parfois dans les échecs. Ce départ soudain de leur entraîneur sitôt la fin de match sifflée et le silence qui s’en suivit dans le vestiaire, ont agi comme une prise de conscience pour l’ensemble du groupe : prendre conscience que le potentiel de ce groupe ne pourrait s’exprimer qu’en ajoutant du sérieux et de la rigueur au talent.
Dès lors, la saison de Plonéour fut lancée et l’équipe fut quasiment inarrêtable: treize succès en quatorze rencontres après la première journée, étant à peine freinée dans le bouillonnant stade Luc Flochlay de Gourlizon (1-1) et enchaînant, entre novembre et mars, onze victoires consécutives, dont certaines arrachées dans l’adversité, là où le PFC aurait certainement laissé des points en route par le passé.
Alors, au-delà de la montée d’une équipe à la division supérieure, cette accession est la victoire d’un club tout entier et ressemble à l’avènement de la talentueuse génération 1996 du PFC, celle des Le Roux, Colombier, Boënnec... Réputé pour la qualité de sa formation, le Plonéour Football Club perdait souvent ses meilleurs éléments avant qu’ils n’arrivent en séniors.
Rien que sur ces dernières années, les Pierre Kerdranvat, Antoine Le Loc’h, Charly Mouillé, Alexandre Duprat, Thomas Guiziou, la fratrie Guichaoua - Julien, Simon et Jean-Georges - ou encore Jean Laurec ont fait leurs gammes au Pen Ar Prat en jeunes mais ont quitté le club avant de s’imposer durablement en équipe première pour aller chercher le niveau Ligue ailleurs. Cette fois, le PFC a récolté les fruits de son travail avec une équipe fanion à 80% issues de son école de football. Une juste récompense pour ce club familial où le bénévolat n’est pas un vain mot comme le prouvent les inusables et indispensables Lucien Priol, Ronan Guirriec, Stéphane Dantec, Yann Plouzennec, Jean-Claude Pavec ... ou encore l’investissement de Lionel Morvan et d’Alain Keroullas auprès de l’équipe première chaque week-end.
La majorité du groupe fanion est issu de la formation interne, preuve de la qualité de l’école de football du Plonéour Football Club (photo : Newsouest)
Dans les buts, l’excellent portier originaire de Tréguennec Pierre-Yves Gléhen, pur produit PFC, a partagé les cages avec Maxime Le Goff, salvateur dans ses sorties aériennes, chacun œuvrant une partie de la saison. Dans un style différent, les deux gardiens ont su soulager leur défense et ne sont pas étrangers à la réussite de l’équipe. De plus, cette dernière a aussi pu compter sur le dévouement de Yannick Cochou qui a enfilé les gants en équipe première, sans rechigner et avec talent lorsque l’on a fait appel à lui.
Parfois perméable, la défense a finalement trouvé son rythme pour afficher le troisième meilleur bilan du groupe. Autour du guerrier Alan Postec, le vaillant Thomas Kerloc’h (le capitaine en U17, enfin à son niveau !!!) ou l’extravagant Alan Quéré ont formé une charnière solide. Bien aidés par les latéraux Glenn Rogel, force de la nature à l’apport offensif incessant, et Tony Boënnec, modèle d’investissement et assurément le meilleur arrière droit du groupe. Lorsque ses études le lui permettaient, le jeune Ewen Canévet est également venu prouver la qualité de la formation plonéouriste alors que Brendan Boënnec a assuré des intérims tout en sobriété sur le côté gauche de la défense.
Dans l’entrejeu, le capitaine aboyeur Vincent Stéphan a montré la voie à suivre à sa jeune garde. Toujours dans le combat, exemplaire dans l’effort, il a fait parler sa rage de vaincre. Passeur de flambeau entre les générations, il n’avait que la montée en tête. Autre joueur indispensable, autre lien entre les gloires passées et les succès futurs, William Jégou. Il est le joueur que tout entraîneur rêve d’avoir : travailleur infatigable et polyvalent, ne rechignant jamais à l’effort et toujours excellent. Les deux tauliers du milieu de terrain ont pu compter sur l’apport de Malo Camus et Jérémy Gargadennec. Les deux transfuges de l’ASPL ont apporté la maîtrise technique, l’expérience et le vice qui pouvaient manquer à cette équipe les saisons précédentes. Arrivés presque par hasard, en fin de mercato au terme d’une après-midi plage où le soleil tapait fort, les deux compères se sont investis pleinement : « Notre arrivée était un peu une blague potache au départ, on s’était challengé sur un concours de petits ponts mais par respect pour le groupe et les dirigeants, on se devait d’aider au mieux l’équipe. Sans oublier de mettre le maximum de petits ponts », explique Malo Camus. L’objectif de la montée étant atteint, Jérémy Gargadennec et Malo Camus peuvent savourer de cette blague du départ devenue une année charnière de leur vie de sportifs.
Mais la vraie force de cette formation reste sa puissance offensive. D’ailleurs, l’excellent défenseur de l’ASPL, Bastien Coullin, disait à l’issue d’une rencontre de Coupe de Bretagne : « Offensivement ça vaut plutôt de la R3 voire de la R2 ». Et on ne peut que lui donner raison lorsque l’on regarde les individualités de cette équipe. Infatigable, Thibault Colombier a tenu son couloir droit avec un sens du devoir et une rigueur militaire, se permettant d’inscrire 7 buts. Trop souvent blessé, Jeff Calloc’h est un talent brut. Sorte de joueur hybride, aussi fin techniquement que puissant physiquement, capable d’évoluer aussi bien en milieu récupérateur, en ailier ou en numéro 9.
Il n’a même pas encore 23 ans et quand viendra l’âge de la maturité il pourra montrer l’étendue de ses qualités sur une saison complète. Enfin, le duo offensif Le Roux-Névot a fait mal à tant de défenses par sa complémentarité. Excellent en pivot, travailleur tourné vers le collectif, Christophe Névot n’en reste pas moins un buteur redoutable qui aura trouvé la faille à 14 reprises. Son entente avec l’explosif Matthieu Le Roux aura fait merveille. Auteur de 15 buts, Le Roux conserve son titre de meilleur buteur du groupe. Attaquant racé, vif et technique, sa place est en Ligue où ses qualités devraient encore mieux s’exprimer. En outre, Beranger Le Gall est venu apporter sa pierre à l’édifice en joker de luxe, en étant décisif à chaque entrée en jeu. Les Brice Audran, Gabin Stéphan et Ewen Le Coz, jeunes U18 du club, sont venus également apporter leur pièce à l’édifice. Cette remontée en Ligue est la juste récompense du travail fournit par un groupe de copains jeunes et ambitieux, parfois vicieux. Le meilleur reste à venir.
Grand merci à Malo Camus, pour la qualité remarquable et détaillée de son article