Antoine Robic, le grain de finesse de l'Espoir Clohars-Fouesnant
" Attaque de Robic", cette familiarité a fait monter les pulsations de millions de français, via les ondes de la TSF, l'oreille collée à leur transistor, à l'écoute du récit de Georges Briquet, dans les années 50. Robic, c'était évidemment le cycliste, Jean, le lutin de Radenac, surnommé aussi " Biquet" pour ses dames, vainqueur du premier tour de l'après-guerre, en 1947. Mais à Clohars-Fouesnant, les attaques de Robic sont liées à Antoine, aussi Morbihannais, de son état, Lorientais même, formé au CEP Lorient, et arrivé dans le Sud-Finistère, au début de sa vingtaine. Déjà auteur du but de la qualification de l'Espoir Clohars-Foeusnant, au 3ème tour de la coupe de France, à Gourlizon (0-1, 86'), Antoine Robic, 31 ans, a récidivé, ce dimanche dernier, non pas en tant que buteur, cette fois-ci, mais en tant que double passeur décisif, face au leader gourlizonnais. Positionné en faux numéro 9, par son entraîneur, Benjamin Larue, il a fait très mal aux défenseurs visiteurs, car il a quelque chose que peu ont, en district, une passe qui arrive dans l'espace de course de ses partenaires. Celle qui donne un temps d'avance à la captation de la balle, pour faire le bon choix. Son centre enroulé au deuxième poteau, dès la clôture du premier quart d'heure pour Mathias Larzul, était fluide. Ce qui permettait au meneur de jeu local, d'avoir une réflexion dans la surface, sur comment il fallait la mettre au mieux pour ouvrir le score, ou encore sa passe sur le deuxième but, à Alban Millour, qui lui ouvra un face à face quasiment assuré avec Sébastien Vigouroux, après avoir aspiré la charnière centrale adverse, Kévin Quiniou et Milan Le Henaff, la privant d'être dans la couverture pour couper la course du joueur cloharsien. Il a été l'homme de cette première mi-temps, il aurait pu être justement récompensé par un lob au pied du poteau (37'), mais il avait déjà mis sur orbite l'Espoir Clohars-Fouesnant, qui n'a pas manqué un de ses rendez-vous importants de son année (4-0).
Légende: Auteur de deux passes décisives, Antoine Robic a fait tourner la roue de l'engrenage dans le bon sens pour l'Espoir Clohars-Fouesnant.
" Nous avons réussi un gros match. Défensivement, nous avons été costaud. Au milieu de terrain, également, nos deux 6 ( Johan Christien/Titouan Béolet) et Mathias (Larzul), ils ont fait un gros match. Nous avons respecté le plan de jeu, on n'est pas inquiété, un peu plus en première mi-temps, mais en deuxième, surtout sur des frappes de loin. On avait très bien travaillé dans la semaine, ce match face à Gourlizon. On était 26 à l'entraînement, le mercredi et 28 le vendredi. Dans le groupe, nous avions un engouement par rapport à ce match. Franchement, nous avons été solides dans tous les compartiments du jeu. En plus, en rajoutant l'efficacité, qui est la clé, en première, on doit avoir trois ou quatre frappes, on en met 3", résume Antoine Robic.
Très intelligent dans ses propos d'après-match, il l'est aussi sur le terrain. Mais c'est un joueur qui est juste s'il y'a du mouvement autour de lui. Face à Gourlizon, il avait été passeur, mais à Pluguffan, sur la revanche de Clohars-Fouesnant (0-4), il a signé un but de toute beauté, une frappe décrochée des 40 mètres. Sa panoplie est large, son niveau vaut sans doute facilement deux crans sportifs supplémentaires, tant il perçoit très vite les espaces ouverts.
" J'ai un jeu où je peux être trouvé dos au jeu, en appuis/remises. Après, ça peut aller chercher à l'opposé ou juste dans l'aspiration, le défenseur vient sur moi, forcément, je sais que dans cette situation, il y'a un espace qui s'ouvre. Après, c'est mon jeu de le rechercher et d'ouvrir les espaces qui se ferment pour moi, mais qui s'ouvrent pour d'autres. Je suis un faux 10 ou faux 9. Le lob? Je savais tout de suite qu'elle n'allait pas dedans. C'était le geste qu'il fallait faire, j'ai hésité également à dribbler le gardien. Tout est possible dans un match comme celui-là. A Gourlizon, on perdait 2-0, à la mi-temps, on était revenu à 2-2 à la 50ème"
Contre Gourlizon, Clohars-Fouesnant a gagné son match en contre, avec une solidité déjà approuvée en défense et dans ses blocs. La D1 récompense généralement ce type d'équipes, qui gagne leur champoionnat sur la défense. Ca a été vrai pour l'ES Beuzec, récemment, pour son dernier passage en ligue, qui avait fait de sa ligne défensive, une ligne Maginot qui fonctionne (celle-là).
" Ce style de jeu nous convient. On arrive à trouver un point d'appui, et ensuite jouer vite fait sur les extérieurs. On ne marque peut-être pas énormément de but dans ce championnat. Mais nous sommes vraiment solide, à la projection de balle, nous savons éclater vite. On a des joueurs qui vont vite sur les couloirs. La saison est encore truès longue. Il reste 21 points à aller chercher. On passe premier, ce qui implique un regard différent, une motivation toute trouvée pour nos prochains adversaires de battre le leader. Maintenant, c'est à nous de se regrouper et se savoir qu'est ce qu'on décide de ce championnat? Après, on a des derbys face à Pleuven, face à Bénodet, où on saura attendu. Dans deux semaines, on reçoit le Quimper Penhars. A nous de gagner les matchs, d' engranger les points. La confiance? Elle peut arriver comme partir très vite. Alban (Millour) a marqué, Nathan (Hello), aussi. Frustré de sortir un aussi bon match personnel sans but? Non, pas spécialement, je suis surtout un joueur collectif. S'il y'a but, ce n'est qu'un bonus. Je ne suis pas du tout focalisé sur des statistiques, autrement, pour être franc, j'aurai frappé le pénalty. Je savais aussi que Nathan n'avait pas marqué depuis un moment, ce pénalty, il était important pour lui. Un attaquant, ça ne marche qu'à la confiance. Plus il y'en a, plus ça devient une mécanique devant le but", retient Antoine Robic.
Arrivant à un âge où un joueur est forcément très lucide sur son rôle, et enlève les fioritures à son jeu, car il sait qu'un match ne se joue véritablement que sur deux/trois/quatres coups maximum, mais avec cette adrénaline renouvelée de ne pas savoir quand est-ce que ces coups seront distribués dans la partie?
" Maintenant, avec l'âge (31 ans), je préfère avoir un rôle vraiment point appui, même si je n'ai pas le gabarit type. La vitesse, je la conserve, mais je préfère qu'on soit intelligent dans le jeu. M'utiliser pour aérer le jeu, et que ça parte dans mon dos ou qu'on me trouve en point d'appui/remise. C'est des efforts qui sont dans le vent, par moment, mais ils sont utiles pour le collectif. J'ai fait toutes mes classes au CEP Lorient. Après, je suis arrivé pour le travail, dans le secteur quimpérois et fouesnantais. Ca doit faire 12 ans que je suis là. L'US Fouesnant, par amitié, et maintenant Clohars avec Julian ( Le Brusque), Seb Caradec..."
Bien dans vie à Clohars-Fouesnant, bien dans le club, Antoine Robic est le modèle de l'intégration parfaite, pour un joueur qui a revu ses prétentions sportives à la baisse, en quittant l'US Fouesnant en ligue, pour se projeter sur Clohars-Fouesnant, avec une perspective historique d'amener ce jeune club en ligue.
" Jouer en ligue, un manque? Non, ça ne me manque pas. J'ai construit ma vie maintenant sur Clohars-Fouesnant, avec ma compagne, on y est installé, avec nos deux enfants. Les infrastructures sont belles. Le club le mérite avec tous les investissements qu'ils ont fait, avec Ben ( Benjamin Bozec), maintenant Leslie ( Gléver) qui a très bien pris le relais. La D1, c'est compliqué à sortir. Si on peut aller en R3, ça ne serait que du bonus. La récompense d'une saison, qui est vraiment avec le nouveau coach, il y'a une cohésion dans tout le groupe. C'est les résultats qui amènent tout ça. Ca se trouve dans 15 jours, on perd Pleuven, on perd Penhars, ça peut vite tourner, mais pour l'instant, on est costaud. Le club n'a jamais fait un quatrième tour de la coupe de France. En championnat, nous n'avons perdu qu'une fois, contre Pluguffan, à domicile. Ce match face à Gourlizon, c'est dans l'envie qu'on l'a gagné. Concentré de la première à la dernière minute, défensivement, on a de l'expérience, et au milieu de terrain, on a de la jeunesse, par contre. C'est une dynamique de tout un club", conclut Antoine Robic.