Tristan et Mattis Pensart, la photo-synthèse de l'US Saint-Evarzec
Pour Mattis Pensart, Tristan est un vrai grand-frère. 12 ans d'amplitude d'âge, un même ancrage à l'US Saint-Evarzec, avec un père, Patrick, gardien de but ( tiens, tiens comme Tristan!), qui avait débuté le semage familial à Creach Veil, les deux frères sont réunis pour leur première saison senior, sous le même maillot. Et quelle saison! En particulier, une fin de saison palpitante, entraînant les Varzécois à trois journées, aux commandes de la poule B de D1, à égalité avec le Quimper Kerfeunteun FC (B). Dans les buts, Tristan Pensart, 32 ans, est revenu en équipe première, suite au départ de Tanguy Le Roy, sur la côte Basque. Le portier emblématique de l'USSE, qui a tant galeré avec ses coéquipiers, pour tenir le club en D1, touche maintenant à la récompense suprême, celle qui a trotté dans la tête de tous les anciens de la maison jaune et verte, à savoir une première montée en ligue. A ses côtés, Mattis Pensart, au poste de défenseur central, amène la qualité supérieure, de sa formation complétée à l'US Concarneau et de ses deux années au Quimper Kerfeunteun FC en R2. Conscient qu'ils n'ont jamais eu une équipe aussi forte, privilégiant leur vivier local, l'US Saint-Evarzec naît à une ambition légitime, renforcée par l'arrivée d'un terrain synthétique, accompagnateur de cette dynamique globale.
Légende: Tristan et Mattis Pensart, réunis pour la première fois sous le même maillot, évidemment celui de l'US Saint-Evarzec, à Sainté ( comme l'AS Saint-Etienne) pour la toponymie locale.
" J'ai joué à l'ES Kerfeunteun pendant six ans, de la catégorie moins de 14 ans jusqu'au 18 ans mais je suis retourné à Sainté. C'est mes potes, mes parents, toutes les générations se sont suivies. Notre niveau n'est plus pareil, ça joue beaucoup plus au football. Nous avons joué à Langolen, c'est une équipe qui ressemblait au Sainté, d'il y'a quatre à cinq ans, avec beaucoup d'énergie. On voit nos progrès, quand ils nous manquent du monde, on arrive à garder une qualité de jeu. L'effectif est énorme", explique Tristan Pensart.
Alors qu'est ce qui a changé entre le Saint-Evarzec de maintenant et celui d'avant? L'état d'esprit, non, l'affabilité du club, non, la grinta locale, non plus, il en ressort que le principal changement s'avère dans un effectif rajeuni et passé pour beaucoup par la case US Concarneau, dans la formation jeunes, avec le fief de départ à l'école de football de l'US Saint-Evarzec. Reconnu pour ses qualités de combattant, l'USSE les a gardées en ajoutant la touche technique symbolisée par des Fabien Le Saux, Valentin Noël, Gauthier Bellon....
" Avant, c'était compliqué, à Sainté, nous avions 11 joueurs pour la première, mais nous n'avions pas de banc. Toute la saison, nous avons gagné nos matchs, avec une équipe qui a tourné, dans ses effectifs. Entre les études, les blessés, ça va vite. Je n'avais joué que deux matchs en équipe première en début de match, je m'étais démis l'épaule par la suite. Je n'ai repris le football qu'au début printemps. Je pensais finir tranquillement en équipe réserve, la saison, mais je me retrouve propulsé en équipe A, avec le départ de Tanguy Le Roy, pour Biarritz. Il avait tenté de faire la route une fois, pour le derby de Pleuven, mais faire tous ses kilomètres, ce n'était pas tenable dans la durée. Pour ma part, c'est dur, car l'an dernier, nous n'avions joué que quatre matchs. Depuis un an et demi/deux ans, j'ai joué moins de 10 matchs, j'ai du mal à trouver du rythme", rajoute Tristan Pensart.
Arrivé en cette intersaison, avec son collègue du QKFC, Luc Mao ( occupant la charnière centrale sur le match du 4ème de coupe de France à l'EA Saint-Renan, R1, sur la saison précédente), Mattis Pensart a fait son retour dans son club formateur. Etudiant sur Rennes, ne pouvant s'entraîner dans la semaine, il a amené toute la sérénité à la défense varzécoise, qui a trouvé une forme d'équilibre et d'assurance dans son jeu.
" On arrive dans la course à montée. Langolen, c'était le match piège (2-1). Nous pensions trop au match face au Quimper Kerfeunteun. Nous ne nous étions pas cachés, avec l'effectif de départ, notre souhait en interne était de monter en R3. Tous les jeunes sont revenus, on sent une vraie dynamique au club. Quand tu gagnes tes sept premiers matchs de championnat, c'est difficile d'entrevoir autre chose qu'une montée en fin de parcours. C'est une partie de chassé-croisé avec Quimper. Au match aller, nous étions dans la position du leader et nous étions tombés à Quimper. Au retour, ça a été la même chose en sens inverse. Eux comme nous, l'effectif est important.", assure Mattis Pensart.
Premier au classement en sa qualité d'équipe première, l'US Saint-Evarzec est maintenant à 270 minutes d'un bonheur immédiat. Sur sa route encore semée d'embûches, l'envie porte ce groupe de planter le drapeau jaune et vert en R3 ( un niveau qui serait historique pour le club).
" C'est clair, pour nous, c'est la bonne année. Comme nous avons un groupe jeunes, nous avons beaucoup d'étudiants dans l'équipe. On perd Tanguy ( Le Roy, le gardien) pour les études, Tis ( Mattis), on verra où il ira pour ses études, Jordan Lorc'h est parti aux Seychelles, pour son métier lié à la pêche. Sincèrement, là, on voit le beau côté de notre équipe A, mais en tant qu'ancien dans l'équipe, on sait tous d'où nous venons. Des joueurs de ma génération, nous avons galéré, avec aucun effectif, nous avons réussi avec notre esprit à maintenir l'équipe en D1. Dès que la génération des 1999/2000 est arrivée, ça nous a fait un bien fou. Je n'ai jamais commencé une saison en D1 en me disant que nous pouvions monter. C'était toujours arracher des matchs pour le maintien. Depuis 13 ans, l'USSE a toujours été en D1, même si ça a été chaud, comme ce match nul à Névez (1-1). Pour notre génération, c'est super plaisant de voir des jeunes de Sainté, qui veulent s'investir. On les a vus commencer à l'école de football, quand nous commençions en senior. Mattis, je l'amenais à ses premiers entraînements, et maintenant, on joue ensemble"
Animé pour son tournoi de la Pentecôte, début juin, manqué pour rien au monde par les copains de Cestas en Gironde, l'US Saint-Evarzec a souvent été dans l'ombre de ses voisins, notamment de l'US Fouesnant, qui a tiré la couverture régionale du secteur. Club formateur de Julien Ponceau ( joueur professionnel au Nîmes Olympique ( L2), les Varzécois louent aussi cet aspect chaleureux et familial, avec des liens inter-générationnels.
" Ce club de Saint-Evarzec, c'est vraiment familial, si on regarde l'effectif, souvent, nos parents ont presque tous joué ensemble. Nos parents traînent ensemble les week-ends, nous, les enfants, on traîne aussi ensemble, et on se retrouve sur le match du dimanche, ou pour les moindres évènements de la commune. Je ne vois pas comment on peut jouer dans un autre club, quand on ressent une telle unité. On sait que nous allons avoir une spirale positive. Saint-Evarzec est maintenant devenu un club qui attire, mais on tient à préserver notre culture. Quand on voit certains clubs, on est complètement à l'opposé, on va au football pour raconter nos histoires, notre semaine. Après, forcément, quand on est sur le terrain, comme tout joueur, on a envie de gagner, mais il n'y pas que ça. Si on monte pas, ça ne sera pas grave, si on monte, on fera une grosse fête", souligne Tristan Pensart
Sans se prendre la tête outre-mesure, gardant son bonheur de se retrouver pour jouer au football, l'US Saint-Evarzec profite de ce moment porteur, sachant qu'il est rare et précieux. " C'est la meilleure équipe de Sainté, que nous avons eu. C'est complet partout, c'est bon dans toutes les lignes. Jouer avec son petit-frère? J'ai 32 ans, j'arrive sur mes dernières années, je continuerai le foot. J'étais parti pour jouer en B. Jouer avec Tis ( Mattis), c'est cool car lui commence son parcours senior, moi, je le finis doucement. Je jouerai peut-être le dimanche matin, bientôt. Le temps que ça dure, on profite", émet Tristan Pensart
A trois encablures de la fin, ayant remporté le combat des chefs face au Quimper Kerfeunteun FC de la poule retour grâce à un but ( un retourné) d'Elouan Corre, Saint-Evarzec a les cartes en main sur ses trois dernières rencontres. Le souffle vert et jaune n'est pas prêt de retomber sur ce mois de Mai.