Les Relayeurs de Coat Loc'h: un coeur gros comme ça
Les Relayeurs de Coat Loc'h : voilà une bonne vieille petite asso comme il en existe encore quelques unes dans nos jolies campagnes, loin de l'agitation urbaine, là où riment joyeusement solidarité et générosité... Plutôt que de me focaliser sur les vainqueurs de l'édition 2024 du Tro Coat Loc'h, je suis allé débusquer les anonymes travailleurs de l'ombre qui la préparent : toutes celles, tous ceux qui oeuvrent pour faire de ce trail champêtre si typique une jolie fête automnale. Le premier bénévole dont je croise le chemin en ce jour de course : Jacques Le Bihan. C'est qu'il me faut lui emboîter le pas parce que comme il le dit lui-même, "aujourd'hui, peut-être que je ne cours pas... mais je cours un peu partout." Jacques, c'est l'un des 6 coprésidents de l'Asso.
Légende: L'édition 2024 du Tro Coat Loc'h s'est déroulé (presque) sans accroc, avec un état d'esprit au grand coeur des bénévoles des Relayeurs de Coat Loc'h. Crédit photos: DR
En ce jour de course, il chapeaute gentiment la petite équipe de bénévoles. Sa hantise ? "L'accident, la chute, l'entorse...On ne sait jamais ce qui peut arriver." Il ne m'a pas plus tôt fait cette confidence que Jean-Luc Gestin, speaker bien connu jusque dans la forêt du Loc'h, en rajoute bien malgré lui une couche. "Et voici qu'arrive Jean-Patrick Cariou qui s'était cassé la clavicule l'an dernier." Cependant, que Jacques se rassure ! Jean-Patrick demeure l'exception. Et si on s'égare parfois dans la forêt, on y chute rarement.
Petit détour vers l'une des arrière-salles de la manifestation, salle obscure au possible où les tensions vont crescendo au fil des arrivées. C'est là - loin du tumulte de la ligne d'arrivée, de Jean-Luc et de son impétueux micro - que les pros de l'informatique enregistrent les résultats. Ne pas déranger ! On y est généralement le malvenu, perçu comme l'enquiquineur qui vient porter réclamation parce qu'on l'a zappé dans le classement ou si on est journaliste comme le pénible qui vient chercher les résultats avant même que la course soit finie ! Surprise : j'y suis accueilli avec un large sourire par une équipe féminine parfaitement rodée.
C'est sur la ligne d'arrivée que ça se complique : Karine et Françoise (les prénoms ont été modifiés ...parce que j'ai oublié de les leur demander) viennent d'être victimes d'un coup de Trafalgar : la panne informatique. Au pire moment puisque voilà que se pointent les premiers du Bihannik ( le micro trail ! ). La responsable (vite pardonnée) ? Hélène, la trésorière, si désabusée que je suis sur le point de la prendre dans mes bras. "J'ai voulu innover, déplacer le matériel informatique jusque sur la ligne d'arrivée...J'espère au moins que le circuit aura plu." Une anonyme coureuse la console : "Super le circuit et ici on est toujours tellement bien accueilli." Voilà Hélène ragaillardie ! Et moi aussi.
Pour fêter ça, je file vers un autre lieu stratégique, le ravitaillement terminal tenu celui-là par une bande de copines. La sérénité règne sur la buvette. "C'est le calme avant la tempête, avant l'arrivée des coureurs", me lance Cathy. J'en profite pour entreprendre Claudine, une ex tapisseuse en ameublement qui en connaît un rayon sur le sujet. En filigrane, Armelle s'active... Pas l'ombre d'un homme à l'horizon... Mais où sont les hommes ? "Ils élaguent, ils débroussaillent..." A chacun son rôle chez nos bénévoles ! Et avec les coureurs, comment ça se passe ? "Très sympas, les coureurs après l'effort. Les marcheurs en revanche sont plus ronchons", me souffle le choeur des filles ! Tiens, tiens ...
Je rebrousse chemin quand un énorme ruban rose gros comme le coeur des Relayeurs attire mon attention. "C'est une création qui rend hommage à Anne Carduner, la fondatrice des Foulées roses de Scaër, décédée cet été", me rencarde Jean-Luc. C'est dire que son esprit planera sur la course organisée au profit de la lutte contre le cancer du sein le lendemain sur le même site. Dans la grande famille des Relayeurs, on place aussi au-dessus de tout la mémoire de celles et ceux dont on a croisé le chemin. Une jolie asso vraiment...
Rubrique Carte Blanche Marc Férec