Yannick Lannuzel ( Galouperien Briec), le traileur libre
Il s'excuserait presque que je l'interroge. IL, c'est Yannick Lannuzel, traileur anonyme pas si anonyme que ça en réalité mais l'anonymat lui va si bien... On gagne toujours à discuter avec les anonymes du peloton. Leur discours est souvent moins convenu que celui des stars de la discipline. Plus me plaît un brin de causette avec Olivier Le Damany l'ex obscur footballeur du Stade Q qu'un entretien exclusif avec Mbappé ! Yannick Lannuzel lui, le quadra titulaire d'une double licence - la première aux Galouperien Briec, la seconde plus informelle à Landuda - m'a entraîné sur des terrains que je ne connaissais pas. Il m'a fait découvrir Casquette Verte (Non, Christophe, ce n'est pas un groupe de hard rock landudalais !), son goût immodéré pour la généalogie ou encore son plaisir à collectionner les perles de ses élèves car dans le civil, Yannick est prof d'Histoire-Géo à Sainte Thérèse à Quimper... Le traileur à la casquette (blanche) toujours vissée sur le crâne a plus d'une corde à son arc !
Légende: Yannick Lannuzel allie le plaisir et l'esprit du Trail. Crédit photos: DR
Histoire de défricher le terrain ce dimanche matin à Guengat, c'est vers Jean-Luc Gestin le sempiternel speaker, que je me suis tourné. Pourquoi Jean-Luc ? Tout simplement parce que, Jean-Luc et Yannick sont profs tous les deux c'est vrai mais ils sont surtout cousins germains. Issus d'une grande famille dont les ramifications sont innombrables de Langolen à Landudal et même au-delà ! Le portrait que m'a tracé Jean Luc de Yannick ? "Un garçon droit, attaché à des valeurs, consciencieux, rigoureux..."
Quelques minutes après, le dossard 146 alias Yannick Lannuzel, émergeait de la tenace brume guengataise ("Débarbouillez-moi ce gris", s'époumonait JL Gestin citant Aznavour), pour couper la ligne d'arrivée en onzième position, devant une certaine Karine Pasquier, ce qui donne déjà une idée du niveau du traileur...
Faisant une confiance aveugle à Jean-Luc, je m'aventurais sur le terrain de la rigueur dans l'approche de la course à pied que j'imaginais appliquée à la lettre par le consciencieux prof. Et là, PATATRAS ! Tout faux ! "Ce que je recherche dans la course à pied c'est avant tout le plaisir, le plaisir de rencontrer des gens qui partagent le même état d'esprit, le plaisir de courir avec d'anciens élèves comme c'est souvent le cas, le plaisir de courir tout simplement."
Pas de plan d'entraînement ni de stricte hygiène alimentaire ? "Surtout pas. La course remplace l'entraînement. J'ai participé à 42 courses l'an passé. Et quand je m'entraîne, c'est au feeling. Surtout pas sur la piste. Surtout pas de VMA. Rien ne me stresserait plus que d'être chronométré, observé."
La course à pied comme thérapie contre le stress, c'est aussi ce qui fait courir Yannick Lannuzel. "Contrairement aux apparences, je suis d'une nature assez stressée. Je m'en accommode mais je déteste par exemple être enfermé au beau milieu du peloton avant le départ."
C'est à ce moment je crois qu'il a ajouté. "Ma référence pour le trail, ce serait Casquette Verte."Casquette Verte, kesako ? Une rapide recherche sur le net s'imposait... "Alexandre Boucheix alias Casquette Verte brise les codes de l'ultra-trail". Extraits choisis : "Jamais de fractionné, de VMA, je n'aime pas m'entraîner, j'aime juste courir. Et je bouffe particulièrement mal."
L'exact pendant de Yannick si l'on excepte la couleur de la casquette... La rigueur dans l'exercice de son métier et la liberté via la course à pied, voilà comment on aurait pu en simplifiant l'affaire synthétiser l'état d'esprit de Yannick. Avec des rêves de grands espaces ? Des fantasmes d'ultra-trail ? Pas forcément non plus. "Je n'ai jamais fait de marathon et les histoires de traileurs victimes d'hallucinations sur la Diagonale, ça ne me fait pas non plus rêver. Non, c'est plutôt le format de course de ce matin (15 kilomètres) qui me convient." Enfin raisonnable, Yannick ! Et un peu plus conforme au portrait dressé par Jean-Luc Gestin !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec