L'école Française de saut à la perche rivalise depuis 35 ans avec les meilleures nations de la planète. Les victoires à 5,80 mètres de Pierre Quignon à Los Angelès en 1984, celle de Jean Galfione à Atlanta à 5,92 m à Atlanta en 1996, ou dernièrement, Renaud Lavillenie, à Londres en 2012 avec un saut à 5,97 m ont traduit un savoir-faire dans une discipline, tant chérie par les Jean-Claude Perrin, les Maurice Houvion ou maintenant avec Philippe D'Encausse, Gérald Beaudouin. A 25 ans, Marion Lotout, la Costarmoricaine de Rostrenen fait partie des trois meilleures françaises au saut à la perche avec un record à 4'60 m. Son regard est portée sur Rio de Janeiro, terre des 31ème jeux olympiques d'été (5 au 21 août 2016).
La devise des jeux olympiques " Citius, altuis, fortuis" ("plus vite, plus haut, plus fort") résume à merveille l'état d'esprit du sportif à très haut niveau. Qui veut performer parmi les meilleurs du monde dans sa discipline doit veiller à une stricte discipline et une volonté de fer pour quelques secondes d'éternité. Marion Lotout a déjà vécu le grand bain des jeux olympiques à Londres en 2012. Elle n'en gardait pas un bon souvenir sur le coup, encore déçue par une performance en-dessous des ses espérences. " Les jeux olympiques, j'y ai goûté à 23 ans. Je n'étais pas prête. J'étais tellement concentrée sur mon résultat avec l'envie de bien faire. Je suis éliminée dès les qualifications à la 14ème place. J'ai connu un gros contre-coup ensuite. Je n'ai pas profité des autres disciplines, ou de décompresser tellement j'étais centrée sur mon concours. Je pense qu'avec le recul, je vivrais les prochains jeux différement après la fin de notre concours. J'en profiterai plus", résume Marion Lotout.
Le saut à la perche n'a pas été la première discipline de Marion Lotout, passionnée par le football et supportrice de l'En Avant de Guingamp. Inscrite au club de Saint-Nicolas du Pelem, à l'école de football, elle arrête au début du collège, faute d'équipe féminine. L'athlétisme à Rostrenen devient le terrain de jeu préféré. Son côté casse-cou se prête à merveille avec l'univers du saut à la perche, où se cache derrière une grosse dose de maîtrise une part de folie. " J'ai vraiment commencé le saut à la perche en junior. J'ai très vite été performance, notamment en gagnant le championnat de France en 2008. En Bretagne, il manque de structures d'entraînement pour le haut niveau à la perche. Je suis donc partie de 2008 à 2012 à l'INSEP à Paris. Tout en continuant mes études en décrochant en 2012 un diplôme en podologie. Après l'épisode à Londres 2012, j'avais fait le tour de Paris. J'avais besoin d'un autre challenge et de me consacrer à 100% au saut à la perche. J'avais le choix entre Bordeaux et Clermont-Ferrand. C'est choisi la seconde solution avec un très bon cadre de vie".
Avec pour compagnons d'entraînement, les Frères Lavillenie, Renaud et Valentin, Marion Fiack, elle progresse forcément plus vite en partageant son, expérience avec le groupe d'élite Auvergnat. Avec un record à 4m60, qui pourrait être la barre de sélection à franchir pour être qualifiée aux jeux de Rio de Janeiro, Marion Lotout est régulière et obstinée à tout mettre en oeuvre pour être de la délégation Française, au Brésil. " J'ai un très bon feeling avec le Brésil. C'est vraiment un pays qui me convient et que j'ai très envie de découvrir. J'arrive dans une période de ma vie où je me sens très bien. J'ai décroché mon diplôme pour l'après-carrière. A Clermont-Ferrand, nous sommes vraiment très bien suivis au quotidien dans le domaine technique et médical avec toute l'importance de la récupération après l'effort. Il y'a une saine émulation entre nous".
En meilleur souvenir, la qualification à la grande finale des mondiaux de Moscou en 2013, dans les 12 meilleures mondiales, avec un saut de 4m55, Marion Lotout, licenciée au club de Sotteville (76) n'oublie pas ses racines Bretonnes. En vacances, la semaine dernière, en famille, sur Rostrenen, elle a passé avec plaisir dans son ancien club d'athlétisme, celui de ses débuts, donner des conseils aux jeunes et suivre des entraînements. " Je ne peux pas me plaindre quand je vois la vie que j'ai. Bien sûr qu'il y'a des hauts et des bas. Comme tout le monde. A chaque fois que je reviens en Bretagne, ça me fait chaud au coeur. Nous avons la chance de faire une passion au quotidien qui nous apporte la motivation pour progresser et avancer".
La sienne se porte sur le continent Sud-Américain et la baie de Rio de Janeiro surplombée par son pain de sucre. Entraînée par Philippe D'Encausse, Marion Lotout attaque le gros de ce challenge, bien encadrée, libre dans sa tête et avec l'expérience d'une olympiade. Forcément, beaucoup d'atouts pour passer au-dessus de la barre des minimas et arracher sa qualification pour ses seconds jeux olympiques d'affilée.
Christophe Marchand
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